Méthanisation : le négociant de matières

« Nous sommes dans une dynamique de soutien technique et économique aux agriculteurs dans leur activité liée à la méthanisation, explique Vincent Crave, responsable Grands Comptes & Marketing au sein de Sede Veolia. Entre l’envolée du coût de l’électricité et celle du prix des intrants — suite à la guerre en Ukraine et à la sècheresse estivale –, la situation devient compliquée pour certaines unités. D’un point de vue technique, nous assurons l’approvisionnement en matières organiques issues du territoire. Cependant, il arrive que le sourcing de matières organiques raisonné ne suffise pas pour remettre une exploitation sur pied et nous sommes toujours à l’écoute des porteurs de projets nécessitant des capitaux ou un rachat [lire encadré, ndlr]. »

Un intermédiaire à l’ancrage local

Sede Veolia, à travers ses solutions Méthavista, se fait l’intermédiaire entre plus de 300 méthaniseurs agricoles en France et en Belgique, et les industriels ou collectivités. Une équipe dédiée de Sede Veolia répond aux besoins en intrants des agriculteurs. « Nous avons une vraie expertise dans les déchets organiques et sommes très proches des agriculteurs depuis que Sede existe, il y a plus de 40 ans, souligne Vincent Crave. À l’origine, nous assurions le contrôle et l’épandage de boues de stations d’épuration. Puis nous avons développé le compostage de ces boues, avant de nous intéresser naturellement à la méthanisation. »

La force de Sede Veolia est de jouer sur leur ancrage local afin de proposer des solutions issues du territoire. « Nous proposons de gérer les relations commerciales entre agriculteurs et industriels ou collectivités, de contrôler les matières apportées, de gérer le transport, tout cela dans le respect de la réglementation », précise Vincent Crave.

Industries agro-alimentaires (Andros, Charal, Agromousquetaires…), papeteries, brasseries, industries laitières, producteurs de noix, collectivités (déchets de restauration scolaire…). Sede Veolia travaille avec de nombreux partenaires pour s’adapter aux besoins de chaque méthaniseur.

Pas de recette idéale

« En été, les rations se font plus sèches et ont souvent besoin de liquide pour faciliter le mélange, explique Vincent Crave. On propose donc du lactosérum issu d’industries laitières ou des boues de papeteries même si leur pouvoir méthanogène est réduit. L’objectif n’est pas de faire plus de gaz, mais de soulager les ouvrages en diluant la recette [car le méthaniseur a du mal à faire le mélange lorsque la ration est trop sèche, ndlr]. » S’il faut compléter la ration avec des matières au fort pouvoir méthanogène, de la poudre de lait, de la glycérine (issue d’industries chimiques) ou de l’amidon (issu d’industries de transformation de pommes de terre) sont par exemple proposés. « Il n’existe pas de bonne recette d’intrant, tout dépend du type de méthaniseur, du nombre d’agitateurs, de la qualité des intrants… Chaque méthaniseur à sa recette selon l’exploitation qui le développe et le territoire où il se situe. »

Outre l’approvisionnement en matières, Sede Veolia propose également des consommables. « Lorsque les intrants sont choisis pour booster la production de gaz, il peut y avoir des rejets élevés de composés organiques volatils (COV) ou de sulfure d’hydrogène (H₂S), éléments toxiques et corrosifs, explique Vincent Crave. Ils dégradent la qualité du biogaz et détériorent l’outil. » La société propose notamment des charbons actifs pour réduire les COV, de l’hydroxyde de fer pour capter le sulfure d’hydrogène, des enzymes pour dégrader les matières et les fluidifier, mais aussi de l’anti-mousse d’origine végétale, utile s’il y a beaucoup d’oignons dans la ration par exemple.