Décryptage
Méthanisation : les odeurs diminuent rapidement avec la distance
Les premiers résultats du projet national Aqametha, visant à évaluer l’impact de la méthanisation sur la qualité de l’air et les odeurs, ont été publiés fin juin 2024. Compte-rendu.
Le projet Aqametha (lire encadré) vise à fournir aux acteurs de la méthanisation, de l’agriculture, aux pouvoirs publics et au grand public, des données sur l’impact de la méthanisation sur la qualité de l’air, notamment sur « l’exposition à l’ammoniac, à l’hydrogène sulfuré et sur les odeurs, considérés comme des indicateurs clés de ce processus et la gêne principale perçue par les riverains ». Douze unités de méthanisation, en injection ou cogénération, ont été étudiées partout en France, six en 2022 et six en 2023.
Stockage d’intrants solides odorants
L’analyse de la dispersion des odeurs révèle « qu’à proximité des installations (entre 0 et 230 mètres), l’intensité des odeurs diminue rapidement d’une forte à moyenne intensité. Au-delà de 230 mètres, la diminution de l’intensité odorante varie en fonction de l’installation : elle passe à une faible intensité entre 230 et 2 300 mètres de la source », selon l’étude. Les secteurs les plus odorants sont les stockages d’intrants solides, en particulier en présence de matières animales (fumier, lisier), et les trémies en extérieur permettant l’alimentation du digesteur. En outre, « les phénomènes de fermentation et de dégradations organiques sont le plus souvent associés aux intensités odorantes les plus élevées ».
Les polluants suivis de près
Concernant les concentrations dans l’air de l’ammoniac, des niveaux plus élevés en limite de propriété ont été relevés. Ils décroissent rapidement avec la distance. « Les valeurs obtenues durant la période mesurée de quatre semaines sont inférieures à la valeur toxicologique de référence de l’Anses (500 μg/m³ sur un an), révèlent les données publiées fin juin. La concentration moyenne, mesurée sur l’ensemble des unités en limite de propriété sur les quatre semaines est de 12,5 μg/m³, avec une concentration maximale observée sur une semaine de 78 μg/m³ sur un site. Pour les premières habitations, la concentration moyenne, mesurée sur l’ensemble des unités sur la période, est de 3,8 μg/m³, avec une concentration maximale observée sur une semaine de 25 μg/m³ sur un site. »
Concernant l’hydrogène sulfuré, de faibles niveaux à la limite de la quantification ont été mesurés. Les valeurs obtenues sont inférieures à la valeur du guide sanitaire de l’Organisation mondiale de la santé (150 μg/m³ sur 24 heures). La concentration moyenne, mesurée sur l’ensemble des unités en limite de propriété, est de 1 μg/m³, avec une concentration maximale observée sur une semaine de 5 μg/m³ sur un site. Pour les premières habitations, la concentration moyenne, mesurée sur l’ensemble des unités sur la période, est de 0,4 μg/m³, avec une concentration maximale observée sur une semaine de 2 μg/m³ sur un site.
Huit préconisations
À la suite de ces résultats, des préconisations à destination des exploitants d’unités de méthanisation ont été formulées :
- Minimiser les durées de stockage,
- Limiter les durées d’ouverture des portes des bâtiments de stockage d’intrants,
- Couvrir les fosses,
- Lors des opérations occasionnelles telles qu’un curage, maîtriser les échappements d’odeurs potentielles et informer en amont les riverains,
- Garantir le bon état de fonctionnement des systèmes de traitement (biofiltre, cuve à hygiénisation…),
- Maintenir des bonnes pratiques comme le nettoyage régulier des sols de l’unité,
- Mettre en œuvre une gestion des eaux pluviales,
- Communiquer auprès de la municipalité et des riverains lors d’événements exceptionnels susceptibles de générer des odeurs.
Huit porteurs de projet
Aqametha regroupe huit porteurs de projet (Atmo France, Air Pays de la Loire, Atmo Hauts-de-France, Atmo Normandie, Atmo Grand Est, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, Atmo Nouvelle-Aquitaine et la société Osmanthe) et des partenaires issus des milieux académiques (IMT Nord Europe et l’Université du Littoral-Côte-d’Opale), professionnels (Ademe, Gaz Réseau Distribution France, Centre Technique national du Biogaz et de la Méthanisation) et associatif (France Nature Environnement). Le socle technique et neutre est garanti par les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA). Ce projet est financé par l’Ademe et GRDF.