Stratégie

Méthanisation : quel avenir dans le mix énergétique ?

Solagro et Négawatt ont publié début juillet une note sur le sujet. Si le potentiel de production reste de fait limité, les deux associations y détaillent les perspectives à moyen et long terme pour les ressources et usages.

PAR CLAIRE BAUDIFFIER - OCTOBRE 2021
Une unité de méthanisation à Chaumes-en-Brie, en Seine-et-Marne. ©CLEVER BOX FILMS. Xavier DAUVIN

Entre 90 et 150 TWh à l’horizon 2050. C’est le potentiel de production de la méthanisation. Plutôt limité donc, si l’on compare aux 500 TWh de gaz fossile actuellement consommés en France. Néanmoins, Solagro, association spécialisée en ingénierie, conseil et formation dans le secteur de l’énergie, et l’association Négawatt, connue notamment pour son scénario de transition énergétique, reviennent, dans une note parue en juin 2021, sur les perspectives à moyen et long terme de la filière, ainsi que les conditions pour une méthanisation durable. Revue de détails.

Quelles ressources demain ?

Les Cive (cultures intermédiaires à vocation énergétique), estimées à 40-50 TWh, semblent être les ressources qui seront les plus méthanisées, surtout dans les régions où les grandes cultures sont très présentes. Viennent ensuite les déjections d’élevage – principale ressource aujourd’hui –, autour de 20-30 TWh et l’herbe (25-30 TWh) dont le potentiel augmente, en comparaison des scénarios précédents. Les résidus de culture (comme les pailles de céréales), 20-30 TWh, se révèlent aussi intéressants en mélange avec les Cive. Les biodéchets, eux, resteront minoritaires.
Le rapport estime d’ailleurs qu’il faudrait aller vers un encadrement des Cive. La loi les limite aujourd’hui à 15 % de l’approvisionnement total du méthaniseur, mais les associations rappellent qu’« elles ne doivent pas entraver les productions principales ».

Quels usages ?

Le gaz, selon l’étude, va jouer un rôle de décarbonation des transports notamment, filière où il y a finalement peu d’alternatives au pétrole, mais aussi le bâtiment et l’industrie. Aujourd’hui en France (chiffres fin 2020), 300 000 logements sont chauffés au biométhane – c’est trois fois plus que fin 2018 –, on compte 24 000 véhicules GNV et 10 % des bus fonctionnent au GNV. L’une des propositions du rapport est de massifier le bioGNV dans les poids lourds et les locomotives diesel.

Quels coûts de production ?

Le biométhane revient à 80-100 €/MWh en « entrée de réseau » et les perspectives de diminution des coûts de production sont faibles puisque les techniques existent depuis longtemps. Le rapport indique ainsi que « le prix de 60 €/MWh affiché dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie semble très spéculatif ». Les auteurs alertent aussi sur le fait qu’une baisse trop forte et/ou rapide des conditions de rémunération pourrait évincer certains acteurs du territoire (agriculteurs et collectivités) au profit de développeurs…

Quelles conditions pour une méthanisation durable ?

Si chaque projet est unique, il s’adosse forcément à un projet agricole, et jamais le contraire. Et plus précisément à un projet agricole durable, insiste le rapport. La méthanisation doit être un levier de l’agroécologie en optimisant et équilibrant les flux de nutriments (couverts végétaux, légumineuses), en préservant les ressources naturelles, minimisant l’usage de ressources sensibles (engrais, produits phytosanitaires…), promouvant les services écologiques (stockage de carbone…). Le rapport indique sa préférence pour des projets collectifs territoriaux petits et moyens, pour rendre accessible la méthanisation à la majorité des agriculteurs. Il n’exclut pas les grands projets, alertant tout de fois sur le choix d’une gouvernance appropriée, et met en garde quant à la microméthanisation. En effet, même si elle nécessite peu d’investissements, elle reste plus chère (si l’on rapporte aux volumes) « que ce que l’on rencontre dans les projets de taille classique. »

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