Méthanisation : « Si c’était à refaire, nous nous engagerions à nouveau ! »

Près de quatre ans après la mise en service de leur unité de méthanisation qui injecte 190 Nm³/h de biométhane dans le réseau, le collectif réunissant quatre fermes (370 ha) et six associés spécialisés en bovins lait et viande, grandes cultures et volailles fait un premier bilan positif de cette installation accompagnée par Solagro. En effet, le stockage des effluents d’élevage nécessitait des investissements afin de répondre aux normes de la directive nitrates. Le méthaniseur, en valorisant les effluents, offre plus de souplesse pour le stockage et l’épandage. Par ailleurs, le digestat étant plus concentré en éléments fertilisants que les effluents (pour un même volume), les agriculteurs font des économies de temps, de carburant et d’usure de matériel d’épandage pour apporter la même quantité fertilisante. Enfin, une partie du digestat est vendue à d’autres agriculteurs, ce qui offre un revenu complémentaire aux associés.

Davantage de Cive

Pour alimenter le méthaniseur, les agriculteurs produisent également davantage de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive), ce qui réduit l’érosion des sols et booste le taux de matière organique des sols (par le système racinaire laissé dans les parcelles et par l’apport de digestat). L’implantation des Cive nécessite néanmoins des adaptations. « Selon les conditions météorologiques, les délais d’implantation des Cive sont parfois réduits, mais nous progressons chaque année sur la maîtrise de l’itinéraire technique, souligne Baptiste Moulié, associé de Biométhadour. Par ailleurs, la mise en place des Cive a très peu impacté notre consommation d’eau d’irrigation, puisqu’elles ne sont pas ou peu irriguées. » Le projet de méthanisation, à travers la valorisation économique des effluents, a aussi permis de pérenniser les exploitations, d’envisager des investissements en matériel et d’embaucher des salariés afin d’améliorer les conditions de travail.

Visites régulières

Concernant l’acceptabilité sociale de son projet, le collectif a entrepris une démarche de transparence et de communication avec les riverains dès la phase d’étude. Un site Internet présentant le projet a été créé par Solagro, une réunion publique auprès des riverains et des visites d’unités existantes ont été organisées. Des visites de leur propre unité sont aussi proposées régulièrement. L’un des avantages mis en avant est la réduction des nuisances olfactives associées aux épandages de fumiers et lisiers, remplacés par l’épandage de digestat, moins odorant. Par ailleurs, les membres du collectif ont récemment installé une toiture solaire photovoltaïque sur le hangar de stockage du digestat solide qui permet de couvrir 25 à 30 % des consommations en électricité de l’unité de méthanisation. Ils envisagent également de valoriser des biodéchets. Si les associés recommandent « de ne pas sous-estimer la charge de travail liée au montage et à la conduite d’une unité de méthanisation », tous sont unanimes : « Si c’était à refaire, nous nous engagerions à nouveau dans le projet ! »