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Méthanisation : un contrat pour une démarche d’amélioration
Sept acteurs du monde agricole et de l’énergie se sont rassemblés pour coconstruire un contrat « progrès méthanisation », qui devrait être proposé aux exploitants et futurs porteurs de projets d’ici un an.
Des initiatives autour de la professionnalisation de la méthanisation, il y en a déjà. On peut citer le label Qualimétha, développé par l’Atee (Association technique énergie environnement), qui vise à fiabiliser les installations en capitalisant les bonnes pratiques de conception et de construction. Ou encore la « Charte des bonnes pratiques de la méthanisation agricole », mise en place par l’Association agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF).
Là, le contrat « progrès méthanisation » vise les exploitants – actuels ou futurs – au-delà de la conception, la réalisation ou la mise en service de l’installation. L’objectif est qu’ils puissent, avec toutes les parties prenantes de la filière, se placer dans une démarche d’amélioration continue. « C’est la traduction d’une demande naturelle des exploitants. Cela ne va pas ajouter une norme ou une réglementation, car il y en a déjà, bien sûr, mais cela va permettre de montrer aux acteurs d’un territoire, notamment, ce sur quoi l’exploitant travaille et s’engage », explique Xavier Passemard, directeur Biométhane à GRDF, l’un des acteurs présents autour de la table, qui va coconstruire ce contrat durant les mois à venir. Les autres ? L’AAMF, l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture, le club biogaz Atee, France gaz renouvelables, la FNSEA et CH4 Process, bureau d’études spécialisé sur l’exploitation et maintenance des installations.
Faciliter l’acceptabilité
« Cette démarche de progrès qui intègre une vision globale devrait aussi faciliter le dialogue avec les élus et donc l’acceptabilité des projets. La visée est aussi de se demander comment diminuer les externalités négatives », poursuit Arnaud Bousquet, secrétaire général de France gaz renouvelables. Les parties prenantes sont donc, depuis le mois de septembre, engagées dans des groupes de travail aux thématiques diverses. Le contrat devrait être opérationnel à partir de mi-2022.
Cinq axes de travail sont privilégiés :
- Les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive). « L’un des enjeux est de limiter les conflits d’usage autour de l’eau », précise Xavier Passemard, de GRDF. Comment conduire une Cive pour qu’elle soit vertueuse ?
- Le digestat et principalement la façon dont il est étendu sur les terres. « L’une des actions d’amélioration possibles réside dans le fait d’acheter des équipements particuliers pour éviter les émanations de certains gaz à effet de serre. Certains exploitants expérimentent déjà ce genre de techniques, d’où l’intérêt d’un large tour de table pour que chacun puisse voir ce qu’il se passe ailleurs, même si les pratiques doivent s’adapter en fonction des territoires », toujours selon Xavier Passemard.
- La captation du biométhane. Comment s’améliorer en détectant les microfuites ?
- La communication. Comment accueillir le public sur site et expliquer les retombées positives des projets de méthanisation ? « Nous devrons aborder là aussi l’importance de se faire accompagner par des spécialistes pour la concertation d’avant-projet », ajoute Xavier Passemard.
- La formation. Il n’y aujourd’hui pas de réglementation quant à la formation que doivent suivre les exploitants. «.Lorsqu’il y a des incidents sur site, les Dreal notent un manque de formation, donc la professionnalisation va jouer un rôle important. Certaines formations se développent d’ores et déjà, comme aux Herbiers, en Vendée, avec le Certificat de spécialisation Responsable d’unité de méthanisation », développe Xavier Passemard.