Décryptage
Méthélec, premier méthaniseur français à bénéficier des CPB
En Auvergne, le méthaniseur Méthélec vient de passer de la cogénération à l’injection, grâce à l’entrée au capital d’un nouvel investisseur. Le méthaniseur a signé, au passage, un contrat pour bénéficier des CPB, les certificats de production de biogaz, une première en France.

Le méthaniseur Méthélec, situé à Ennezat (Auvergne), valorise depuis 2015 des effluents d’élevage et des déchets agroalimentaires locaux en énergie, grâce à la cogénération. En 2023, à la suite d’une panne de moteur, ses propriétaires cherchent un partenaire pour convertir l’installation à l’injection de biométhane, plus rentable que la production d’électricité. Avec l’accord du préfet, elle sort sans pénalité de son contrat de rachat d’électricité. À l’automne 2024, Agripower entre au capital de Méthélec. L’entreprise, jusque-là spécialisée dans la conception d’unités de méthanisation pour des tiers, amorce ainsi sa nouvelle stratégie de production de biométhane. Les travaux débutent le 15 octobre 2024, et la première injection de gaz a lieu le 19 février 2025. Cette conversion a nécessité d’importants investissements : 2 millions d’euros pour la transformation de l’unité, et 3 millions d’euros, à venir, pour augmenter la capacité de stockage et doubler les flux. L’unité devrait passer de 300 à 700 Nm³ injectés par heure d’ici 2027, et sa puissance de 1,5 MW à 3,2 MW. « De nombreux exploitants sont intéressés par la conversion de leurs méthaniseurs, explique Guillaume Labarrière, directeur général d’Agripower. Il faut que l’unité soit proche d’un réseau de gaz, pour faciliter son raccordement, mais les propriétaires doivent aussi être prêts à investir plusieurs millions d’euros. »
Contrat jusque 2030
Parallèlement à sa transformation technique, Agripower est également le premier acteur du territoire à bénéficier des CPB, les certificats de production de biogaz. Ce mécanisme réglementaire, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2026, impose aux entreprises qui font du négoce d’électricité et de gaz de fournir des certificats de production de biogaz à un niveau proportionnel à la consommation de leurs clients. Pour ce faire, ils peuvent produire eux-mêmes du biométhane, ou justifier de l’achat de molécules vertes auprès de producteurs. EDF devra par exemple compenser 2 TWh de biométhane pour l’année 2026.
Méthélec a signé le premier contrat de CPB en France avec Save Énergie, filiale du groupe Idex. Le prix marché de ce CPB est de 90 €/MWh, en plus de la molécule de gaz en tant que telle, dont le prix varie entre 40 et 50 €/MWh. Au-delà des 15 années de son exploitation, soit au 31 décembre 2030, Méthélec ne sera plus en mesure de commercialiser que 80 % de sa production en CPB, en accord avec le décret du 06 juillet 2024 sur les CPB. Ce dispositif extrabudgétaire s’ajoute à d’autres mécanismes de valorisation du biogaz : l’obligation d’achat (OA),dont le tarif est fixé par arrêté, et les accords de gré à gré appelés Biogas Purchase Agreement (BPA), qui permettent à un producteur de vendre son biométhane directement à un client industriel. Les CPB seront par ailleurs plus favorables aux grandes installations, les OA étant limitées aux méthaniseurs de moins de 25 GWh/an.