Entretien
Mettre en relation méthaniseurs et producteurs de biodéchets
Louis Courtier, agriculteur et méthaniseur en Seine-et-Marne, est également le fondateur de Methappro. Au sein de cette société créée en 2021, il s’attache à trouver un débouché aux biodéchets et coproduits des coopératives et industriels auprès des méthaniseurs locaux.

Quelle est la raison d’être de Methappro ?
Louis Courtier : La mission de la société Methappro, créée en 2021 à Charny, en Seine-et-Marne, est de résoudre les problèmes des coopératives, négoces ou industriels en termes de biodéchets et coproduits, tout en répondant aux besoins des méthaniseurs. Grâce à notre connaissance du marché, mes cinq salariés et moi faisons deux promesses à nos clients : être réactifs auprès de la collecte et des industriels, et maintenir des prix acceptables pour les méthaniseurs.
Comment vous y prenez-vous sur le terrain ?
L. C. : Concrètement, Methappro collecte chez 50 à 100 coopératives ou industriels partout en France, à leur demande, des lots de céréales déclassés car trop humides, mal calibrés, contaminés par des insectes ou des adventices, des mélanges d’espèces, des issus de silos, du son, de la farine ou du lait déclassés, de la pulpe de betteraves, du lactosérum, des produits agro-alimentaires dont la date limite de consommation est dépassée…
Ensuite, nous trouvons un débouché local auprès des 250 méthaniseurs avec lesquels nous travaillons. Certains ont une station de déconditionnement et un agrément sanitaire pour traiter les biodéchets. Le coproduit est expédié directement de l’organisme stockeur [terme utilisé dans la profession pour parler des coopératives et négoces qui stockent des grains pour les agriculteurs, ndlr] ou de l’industriel vers le méthaniseur, soit via la flotte du client, soit par un camion que nous affrétons. Les prix d’achat et de vente sont négociés au cas par cas : cela dépend de la marchandise à traiter, du volume, de la logistique, du méthaniseur, de l’urgence…
Quelle est votre valeur ajoutée par rapport à d’autres moyens de mise en relation ?
L. C. : C’est, grâce à notre réseau, de trouver rapidement une solution satisfaisante pour tout le monde. Souvent, nous jouons les pompiers. Nous travaillons dans l’urgence car la matière doit être évacuée au plus vite. Par ailleurs, ma propre unité de méthanisation permet également parfois de répondre à l’urgence en absorbant des volumes de déchets devant être évacués. Avec mon père et un voisin, nous avons monté en 2021 une unité de méthanisation, Charny Énergies, qui injecte 200 Nm³/h de gaz dans le réseau GRDF. Les intrants du méthaniseur sont à 60 % des cultures intermédiaires à vocation énergétique, 30 % de pulpes de betteraves et 10 % de lots déclassés issus de Methappro.
Methappro propose-t-il d’autres services ?
L. C. : Nous proposons également des consommables : plus de 1 000 références, telles que des pièces détachées, des charbons actifs, des bâches, des enzymes… Le but est de devenir l’Amazon de la méthanisation ! En 2025, nous avons aussi lancé un logiciel de gestion opérationnelle des méthaniseurs avec un outil d’intelligence artificielle, Patrickbymethappro. La saisie des volumes et des types d’intrants, ainsi que celle du plan d’épandage est notamment facilitée, et les coûts d’achat optimisés.
Croissance rapide
Le chiffre d’affaires de Methappro atteignait 250 000 € en 2022, 600 000 € en 2023, et 2,4 millions d’euros en 2024. Depuis janvier 2025, l’entreprise compte six salariés et l’objectif est d’atteindre 15 millions d’euros avant 2030.


