Entretien

Monter un projet participatif en monde rural

À Pommerieux, dans le département de la Mayenne, un projet participatif a permis l’installation en 2019 d’une petite centrale photovoltaïque. Son développement a été assuré par une commission extra-municipale, en partenariat avec le conseil municipal et les habitants. Explications de Vincent Restif, maire de Pommerieux.

PAR ARNAUD WYART - MARS 2022
Vincent Restif, maire de Pommerieux. ©DR

Comment ce projet a-t-il commencé ?

Lorsque la ville réfléchit à des projets d’un certain dimensionnement, nous avons pour habitude de solliciter les citoyens. Outre la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’oeuvre, nous accordons une grande importance à la maîtrise d’usage, c’est-à-dire l’avis des usagers. Celui-ci est généralement plein de bon sens et nous amène régulièrement à porter des modifications intéressantes dans nos projets. Cette dynamique participative nous a conduits en 2018, dans le cadre de l’aménagement d’un bâtiment communal, à penser à l’installation d’une centrale photovoltaïque. Nous souhaitions pour cela aller vers la population afin de la solliciter et de lui permettre de s’engager.

À quoi correspond la commission extra-municipale qui a été spécialement mise en place ?

Nous avons présenté l’idée très en amont, lors des cérémonies de vœux, des journées citoyennes que nous organisons, etc. Suite au retour favorable de la population, une commission extra-municipale a été créée. Elle était composée de quelques élus et d’une majorité de citoyens, porteurs de la dynamique. La mission de cette commission consistait à piloter le projet (communication, réunions publiques, etc.) et à faire des propositions au conseil municipal qui, lui, restait décideur, notamment sur les aspects financiers. Finalement, tout ce qui a été proposé par la commission (dimensionnement de l’installation, sélection des entreprises de travaux, etc.) a été accepté.

Quelle formule avez-vous choisie pour l’investissement citoyen ?

Les habitants pouvaient être actionnaires ou prêteurs. Toutefois, l’investissement n’était que de 46 000 € et nous ne sollicitions qu’un financement de 20 000 € auprès des habitants, le reste de l’investissement étant apporté par des financements régionaux et européens. Pour que les citoyens soient actionnaires, il aurait fallu créer une société dédiée. Une usine à gaz qui nous semblait contre-productive vis-à-vis du faible investissement nécessaire. Dans le cadre d’une coopérative par exemple, les habitants de Pommerieux auraient pu intégrer la structure et indirectement participer à d’autres projets dans la région, mais nous souhaitions que les gens se sentent concernés par un projet concret sur notre commune. Pour impliquer les citoyens, nous avons plus modestement opté pour le prêt. Quelques réunions et des recherches nous ont permis d’arriver à cette conclusion.

Comment avez-vous levé les fonds auprès des citoyens ?

Nous avons mis en place une plateforme de financement participatif. Pour cela, nous avons cherché un prestataire habitué à travailler avec les collectivités locales, à savoir Collecticity. Nous avons ensuite communiqué sur l’initiative, notamment dans le bulletin municipal et grâce au bouche-à-oreille. Les 20 000 € ont été ainsi levés en l’espace d’un mois. À ce titre, un appui méthodologique a été apporté aux habitants. Au sein du comité de pilotage, certains membres étaient en effet très à l’aise avec l’outil informatique, ce qui leur a permis d’accompagner les participants pour les inscriptions sur la plateforme et la gestion des documents en ligne.

Avez-vous communiqué pendant la phase de travaux ?

Absolument. L’objectif était d’être totalement transparent sur l’utilisation des fonds, d’autant que les travaux ont duré un certain temps (agrandissement d’un atelier, etc.). L’installation des panneaux, elle, a été rapide. La construction a pris près de deux ans en tout. Le comité de pilotage a également réalisé une étude afin de savoir si nous pouvions aller vers l’autoconsommation dans les bâtiments communaux, mais nos besoins ne sont pas suffisamment continus, notamment pendant les vacances scolaires (pas de chambre froide par exemple) et l’autoconsommation par des habitants n’était pas encore au point à l’époque. L’électricité produite est donc entièrement vendue à EDF.

L’installation en chiffres

Le projet participatif inclut deux installations photovoltaïques (9 kW chacune) se situant sur les toitures d’un ancien équipement sportif et de l’atelier communal. En outre, une petite installation (trois panneaux) a été déployée sur un kiosque à des fins pédagogiques et l’électricité produite est directement consommée par les habitants (recharge de téléphones, etc.). Complétant une première installation classique de 30 kW, le projet permet de couvrir 80 % de la consommation électrique de la commune.

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