Entretien

Photovoltaïque, méthanisation : « il faut prendre en compte les externalités positives ! »

Pour les agriculteurs, la transition énergétique est une opportunité, mais des freins tarifaires les inquiètent. Entretien avec Olivier Dauger, agriculteur chargé des questions énergie et climat à la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles).

PAR CLAIRE BAUDIFFIER - AOûT 2019
Olivier Dauger, agriculteur chargé des questions énergie et climat à la FNSEA
Olivier Dauger, agriculteur chargé des questions énergie et climat à la FNSEA. ©DR

Quels sont les enjeux de la transition énergétique dans le secteur de l’agriculture ?
Avant, à l’ère du fossile, l’agriculture produisait déjà de l’énergie. 20 % de son territoire y était consacré, le secteur ayant naturellement le potentiel d’en produire, en optimisant la photosynthèse (soleil, sol, énergie). Aujourd’hui, à l’heure de la sortie du pétrole, la filière, via le photovoltaïque et la méthanisation notamment, est en train de renaître et c’est une opportunité pour les agriculteurs.

Côté photovoltaïque, la baisse des tarifs d’achat peut-elle être un frein ?
Oui, et avec la procédure de mise en concurrence sous forme d’appel d’offres, les gros projets ont tendance à remporter les marchés. Aujourd’hui, jusqu’à une puissance de 100 kW, il n’y a pas ce système. On aimerait que cela soit poussé à 200 kW. Cela permettrait de valoriser au mieux le développement du PV sur des petites surfaces, comme les bâtiments agricoles. Les panneaux permettent aux agriculteurs d’investir dans des bâtiments et de les financer via le revenu généré. L’idée là est bien de les installer sur des bâtiments d’élevage ou de stockage, pas sur les terres agricoles ! C’est une solution intéressante pour des structures très consommatrices, comme les serres.

En quoi la méthanisation est-elle aussi une solution intéressante ?
Les méthaniseurs sont des projets à taille humaine, qui s’inscrivent dans un territoire. Ils génèrent de nombreuses externalités positives, puisqu’ils permettent de gérer les effluents, mais aussi de proposer des couverts végétaux et donc de produire plus de biomasse. Aujourd’hui, la plupart des installations émanent de collectifs d’agriculteurs. Il faut compter en moyenne cinq à sept millions d’euros d’investissement (avec un retour sur sept à dix ans), et trois à quatre ans entre le début du projet et sa sortie de terre. Il faut être motivé et bien se renseigner sur les contraintes et les protocoles. On compte entre 600 et 700 méthaniseurs en France, dont 80 en injection, et le reste – la grande majorité – en cogénération. Cela correspond à 1,5 TWh en puissance installée, et jusqu’à 10 TWh dans les trois années à venir avec les projets en cours. C’est peu par rapport à la consommation française qui est de 400 TWh et nous sommes inquiets par rapport aux nouveaux objectifs de la PPE. On voit une volonté de baisser les tarifs brutalement [- 30 % environ pour l’injection de biométhane dans le réseau de gaz, NDLR]. C’est inatteignable alors que la filière est en cours de construction, laissons-la démarrer !

Et les biocarburants ?
Ils représentent aujourd’hui 2 % de la surface agricole (colza, blé, betterave, tournesol), mais la filière se développe lentement parce que ces nouveaux produits sont assez coûteux et demandent donc qu’on réfléchisse à long terme, ce qui n’est pas vraiment le cas aujourd’hui. Il faut prendre en compte les externalités positives que génère cette filière, avec notamment la production de tourteaux de colza et de drêches de blé, qui permettent de nourrir les animaux localement et d’éviter d’importer du soja OGM sud-américain.

En chiffre

Le monde agricole contribue directement et indirectement à la production de 20 % des énergies renouvelables au niveau national (derniers chiffres Ademe 2015, rapport 2018).

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