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Pleins feux sur l’agrivoltaïsme
L’adoption d’une résolution au Sénat début janvier a montré un large consensus politique en faveur de l’agrivoltaïsme. La filière souhaite maintenant une reconnaissance dans les réglementations et dans les appels d’offres de la CRE.
L’agrivoltaïsme, qui consiste à installer une production photovoltaïque secondaire sur des parcelles agricoles en production, bénéficie d’un alignement des planètes inédit en ce début d’année 2022. Une résolution sénatoriale visant à susciter l’émergence d’un agrivoltaïsme vertueux en France a été adoptée le 4 janvier dans un large consensus politique. Un consensus appuyé aussitôt par la prise de parole de deux membres du gouvernement, à commencer par le ministre de l’Agriculture en clôture du débat sénatorial, suivi le lendemain par la ministre de la Transition écologique. « L’idée que l’agrivoltaïsme peut et doit se construire par des synergies entre production agricole et production d’énergie, avec priorité à la production agricole, semble maintenant partagée au plus haut niveau de l’État et nous nous en réjouissons. Il est temps de doter l’agrivoltaïsme d’une définition claire pour poser les bases réglementaires d’un développement équitable et responsable de la filière », explique Stéphanie-Anne Pinet, déléguée générale de France agrivoltaïsme. Ce travail de cadrage et de définition est d’ailleurs en cours. Afnor certification (association française de normalisation) a ainsi publié début janvier 2022 le premier label “Projet agrivoltaïque” en France. Par ailleurs, l’Ademe travaille sur une définition de l’agrivoltaïsme et sur un guide de qualification des projets qui serviront aussi de référence pour mieux définir le cadre réglementaire de l’agrivoltaïsme et faire évoluer les appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en conséquence. L’enjeu est de taille. Actuellement, l’éligibilité des projets de la filière par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est restreinte à l’enveloppe concernant les projets “solaire innovant”. Ces projets bénéficient d’une enveloppe limitée à 0,7 GW pour la période 2021-2026 contre 10 GW pour le photovoltaïque au sol et 5,5 GW pour le photovoltaïque sur bâtiments.
Des synergies obligatoires
Ce cadre sécurisant et vertueux de développement doit permettre de soutenir la production agricole et non de s’y substituer ou de l’entraver. Plusieurs sénateurs ont dénoncé lors des débats, l’existence de projets “alibis” ou de projets de serres photovoltaïques qui ont rapidement cessé de recevoir des productions agricoles. Le modèle français d’agrivoltaïsme doit au contraire permettre de faire jouer des synergies. Il s’agit notamment de protéger les cultures contre le réchauffement et les aléas climatiques (gel, grêle, stress hydrique…), d’offrir des abris aux animaux d’élevage… « La programmation pluriannuelle de l’énergie a posé des objectifs ambitieux en matière de production d’énergies renouvelables dans lesquels l’agrivoltaïsme a toute sa place. C’est un domaine dans lequel la France est précurseur et doit le rester, souligne Stéphanie-Anne Pinet. Nous avons des technologies, des agriculteurs et des énergéticiens prêts à travailler ensemble et beaucoup de projets en recherche et développement. La résolution sénatoriale a donné un signal. Maintenant, il faut des actes pour que ces projets agrivoltaïques et ceux qui suivront se développent dans un cadre réellement équitable et responsable. »