Retour d'expérience
Préparer le terrain pour produire du gaz vert
L’unité de méthanisation qui voit le jour dans l’Oise a mis toutes les chances de son côté pour obtenir l’approbation des riverains : choix de l’emplacement, réunion publique, intégration paysagère, propreté du site, valorisation des déchets agricoles et réduction des engrais chimiques.
Fin avril, une unité de méthanisation sera mise en service à Plainval, dans l’Oise, par quatre agriculteurs.: François-Xavier et Thibault Létang, Benoît Chivot et Grégory Waffelaert. Pour les frères Létang, ce sera leur cinquième (lire encadré), mais si pour chaque projet le contexte est différent, « le choix de l’emplacement de la construction de l’unité doit toujours concilier plusieurs critères : la distance au réseau GRDF, la proximité du parcellaire pour faciliter l’approvisionnement de l’unité et l’épandage du digestat afin de réduire le trafic de camions, et l’éloignement par rapport aux habitations », précise François-Xavier Létang. Pour faciliter l’acceptation de ce projet qui va injecter 150 Nm³/h de biométhane dans le réseau de gaz naturel, de quoi chauffer 1.000 foyers, les agriculteurs ont privilégié la concertation avec les élus du village et de la communauté de communes, avant de communiquer plus largement auprès du grand public. « Une réunion publique a permis de répondre aux questions des riverains, explique François-Xavier Létang. Nous les avons rassurés par rapport aux craintes concernant le bruit lié à la circulation, les odeurs ou le risque d’explosion. »
Intégration paysagère
Les agriculteurs attachent également une grande importance à la qualité de la construction de l’unité avec un cahier des charges très précis. Pour ce faire, ils travaillent avec Agrogaz, pour la méthanisation, et Prodeval pour l’épuration. « L’unité doit être pratique à piloter, les produits faciles à stocker et à traiter pour assurer la propreté du site, garante de son acceptabilité auprès des riverains », estime l’agriculteur. Autre point qui aide à remporter l’adhésion des citoyens : son intégration paysagère. « Nous avons choisi la couleur verte pour les bâches comme pour les cuves. Pour limiter la gêne visuelle, nous allons construire un talus de deux mètres végétalisé et planter des haies et des arbres autour du site. »
50 % d’engrais chimiques en moins
Pour alimenter le digesteur, 30 tonnes/jour sont nécessaires. Elles proviennent de cultures intermédiaires à vocation énergétique – ou Cive – (avoine, seigle, maïs et sorgho), cultivées sur 250 hectares, et de déchets agricoles. Ces derniers sont issus d’industries de transformation (oignons, pommes de terre, pulpes de betteraves), d’organismes stockeurs (écart de tri de céréales, restes de silos) ou du récupérateur de menues pailles des agriculteurs. « Avec les Cive, la couverture permanente du sol nous permet d’améliorer sa structure en le compactant et en le travaillant moins », se réjouit François-Xavier Létang qui espère une hausse du taux de matière organique du sol. Par ailleurs, l’épandage du digestat liquide sur céréales à paille au printemps, et sur les Cive l’été, devrait réduire de moitié le recours aux engrais minéraux. De quoi favoriser encore l’assentiment des riverains.
Cinq sites au compteur
En plus de cette unité de Plainval, les frères Létang sont déjà associés dans l’exploitation de quatre autres sites de méthanisation. Deux en Seine-et-Marne et deux dans l’Aisne ont été mis en service entre 2014 et 2019 pour injecter chacun 150 Nm³/h de biométhane. Les agriculteurs travaillent des terres proches de chaque site, ce qui facilite l’approvisionnement en matières de l’unité et l’épandage du digestat.