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Programmation pluriannuelle de l’énergie : quels impacts pour le monde agricole ?

La Programmation pluriannuelle de l’énergie offre des opportunités aux agriculteurs (biogaz, photovoltaïque, bois…) à condition que le retour sur investissement en vaille la peine.

PAR CAROLE RAP - FéVRIER 2020
Les agriculteurs pourront continuer à installer des panneaux sur leurs hangars. La PPE maintient un objectif de 300 MW installés par an ©Arkolia Énergies

La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a un double impact pour les agriculteurs. D’une part, elle incite le monde agricole à réduire sa consommation énergétique et ses émissions de gaz à effet de serre, donc à transformer ses modes de production. Certes, la part de l’agriculture dans la consommation finale d’énergie est faible (50 TWh sur 1.628 TWh en 2018) comparée au bâtiment, au transport et à l’industrie. Mais la PPE mobilise tous les secteurs. « C’est nécessaire. Il y a déjà eu des progrès, avec des bâtiments mieux ventilés, mieux isolés, des moteurs qui consomment moins, des travaux pour utiliser moins d’engrais, des recherches sur l’alimentation des animaux, etc. », assure Olivier Dauger, élu de la FNSEA et membre du bureau des chambres d’agriculture, en charge des questions climatiques et énergétiques. D’autre part, la PPE fixe des objectifs en matière d’énergies renouvelables à horizon 2023, puis 2028, qui sont autant d’opportunités à saisir par les agriculteurs.

Biogaz
La PPE entend porter le volume de biogaz injecté à 6 TWh en 2023 puis à 14-22 TWh en 2028, contre 1,23.TWh en 2018 (source GRTgaz). Pour y parvenir, l’État français promet de lancer deux appels d’offres par an, en comptant sur « de fortes baisses des coûts », à savoir un tarif d’achat « d’une moyenne de 75 €/MWh PCS (pouvoir calorifique supérieur, NDLR) pour les projets de biométhane injecté sélectionnés en 2023 et 60.€/MWh PCS en 2028. » Le gouvernement prévoit même d’ajuster ces prix à la baisse si les volumes dépassent les prévisions. « Les agriculteurs ne pourront pas atteindre le tarif voulu par Bercy. On peut diminuer les prix actuels, 90-95 euros le MWh, de 20 à 30 % d’ici dix à quinze ans, soit 2 % par an, mais pas plus. Il faut que le retour sur investissement ne soit ni trop avantageux, ni trop risqué pour les porteurs de projets », insiste Olivier Dauger.

Photovoltaïque
L’objectif global est de 20,1 GW en 2023, soit le double de la capacité actuelle. La PPE veut privilégier les centrales au sol, ce que regrette la FNSEA. Car même si le texte ambitionne de « veiller à ce que les projets respectent la biodiversité et les terres agricoles », le risque de tension sur ces terres est avéré. « La pression est forte quand des entreprises proposent aux propriétaires de louer leurs terres 2.000 à 3.000 euros l’hectare à l’année pendant trente ans, alors qu’un exploitant les loue 300 euros. C’est à l’État de jouer son rôle de garant des terres agricoles. »
L’agrivoltaïsme a de l’avenir : la PPE prévoit de soutenir par appel d’offres ce type d’innovation, qui permet une synergie entre production agricole et énergie photovoltaïque. « La profession agricole n’y voit pas de problème, à la seule condition de ne pas remettre en cause la production alimentaire », rappelle Olivier Dauger.
Les agriculteurs pourront continuer à installer des panneaux sur leurs hangars. La PPE maintient un objectif de 300.MW installés par an pour les installations sur petites et moyennes toitures via un système de guichet ouvert en orientant les projets vers l’autoconsommation. Le plafond était fixé à 100 kWc, mais à l’occasion du Salon international de l’agriculture qui se tenait à Paris ce mois-ci, Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, a annoncé son réhaussement à 300 kWc. Les installations de panneaux solaires sur toiture de moins de 300 kW (soit moins de 3 000 m2 de toiture) seront ainsi dispensées de passer par une procédure d’appel d’offres pour obtenir un soutien public.

Filière bois
Les objectifs en chaleur renouvelable sont prometteurs : 218 à 247 TWh en 2028, soit une augmentation de 40 à 60.% par rapport à 2017. Un atout pour la filière, si les collectivités parviennent à valoriser le bois local. « Les communes doivent faire attention aux conditions de leurs appels d’offres, sinon c’est le moins cher qui gagne, avec du bois importé de plus loin », prévient Olivier Dauger.

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