Quels agrocombustibles en France ?

AgroBioHeat est un programme de promotion de solutions de chauffage utilisant des agrocombustibles en Europe (lire encadré). Prévu sur une durée de trois ans, il prendra fin début 2022 avec notamment la réactualisation d’une étude sur l’utilisation de la paille comme source d’énergie depuis quarante ans au Danemark (1). Ce pays, leader mondial dans ce secteur, utilise ce combustible neutre en carbone comme alternative aux combustibles fossiles, notamment en zone rurale. La combustion ne libère pas plus de CO₂ que ce que la plante a capté pendant sa croissance. Néanmoins, cette utilisation est peu envisageable en France par manque d’excédent de production de paille. « En Bretagne, le schéma régional biomasse rappelle que la paille, laissée au sol après la récolte des céréales, est nécessaire à la terre pour notamment l’enrichir en matière organique et limiter le phénomène d’érosion, explique Jacques Bernard de l’Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement (Aile). Le supplément est utilisé comme litière animale, notamment pour les ruminants, et une toute petite partie est valorisée en méthanisation, et plus particulièrement les menues-pailles, résidus évacués par la moissonneuse, riches en graines adventices. En revanche, d’autres agrocombustibles sont disponibles dans la région et plus largement en France. »

Du bois et du miscanthus

Parmi eux, le programme AgroBioHeat a notamment mis en exergue l’utilisation du bois de bocage et du miscanthus en France. Philippe Planté, agriculteur retraité et producteur de bois énergie près de Saint-Gilles-les-Bois dans les Côtes d’Armor a témoigné dans le cadre de ce programme sur les nombreux avantages à utiliser des plaquettes issues du bois de bocage pour les chaufferies des collectivités de sa communauté de communes : « Cette valorisation offre des économies réelles pour les communes, de l’emploi local pour entretenir les haies, un débouché et un revenu assuré pour les agriculteurs qui ont ce gisement disponible en grande quantité, du carbone stocké, et une meilleure biodiversité. » Les mêmes avantages sont répertoriés pour le miscanthus qui peut être cultivé sur des parcelles appartenant à des collectivités et/ou à des agriculteurs en assurant ainsi un approvisionnement local.
« Pour aider au développement de la filière bois énergie en Bretagne, Aile accompagne le montage des projets de chaufferie et propose des formations auprès de producteurs de bois déchiqueté ainsi qu’aux agents de maintenance pour la conduite et l’optimisation des performances des chaufferies », précise Jacques Bernard. Sur les autres régions, Aile peut mettre en contact les porteurs de projet avec ses homologues qui accompagnent cette filière.