L'info du mois

Réseau de chaleur au bois : mode d’emploi

Les 17 et 24 mars 2022, le comité interprofessionnel du bois énergie (CIBE) a organisé deux journées de séminaire totalement dédiées aux réseaux de chaleur à énergie bois à St-Lô, dans la Manche, et à Corbie, dans la Somme. Il en ressort quelques principes directeurs pour mener à bien ces projets.

PAR ALEXIS DUFUMIER - AVRIL 2022
La chaufferie à plaquettes de bois de Corbie, dans la Somme, développe une puissance de 2,15 mégawatts. Depuis sa mise en service en juin 2020, elle alimente de grosses infrastructures : un centre hospitalier, un lycée, un collège, une piscine et d’autres espaces de la commune et de la communauté de communes. ©FDE80

Un réseau de chaleur est un service public de compétence communale qui permet d’assurer les besoins en chauffage de différentes installations comme les hôpitaux, les bâtiments scolaires, gymnases, piscines, habitations… Ces réseaux représentent une opportunité importante de décarboner les besoins en énergie de chauffage, comme l’ont bien souligné les intervenants des journées techniques des 17 & 24 mars derniers organisées par le comité interprofessionnel du bois énergie (CIBE) à Saint-Lô (50) et Corbie (80). En effet, ces réseaux mutualisent des surcoûts liés aux installations à énergie bois et elles ont un impact bien plus rapide et significatif que les installations individuelles. L’opportunité est d’autant plus forte que la réglementation évolue dans le sens de la mise en place de ces réseaux avec des obligations de raccordement. D’autre part, le coût du mégawattheure d’une plaquette de bois (environ 35 €) est très compétitif par rapport au gaz (100 € actuellement) et les taux de TVA sont réduits. Enfin, des sources de financements existent pour installer de tels réseaux (Ademe, régions, FEDER, banques des territoires, financement participatif…).

Viser les « grosses villes rurales »

Les réseaux de chaleur ne sont pas implantables partout avec le même intérêt. Le premier prérequis est d’avoir une concentration de la demande en chaleur assez importante sur un même lieu. « Dans la Somme, les projets que nous étudions sont surtout adaptés à des grosses villes rurales, de 1 500 à 10 000 habitants, explique Agnès Lenne, ingénieure en charge des réseaux de chaleur à la fédération départementale de l’énergie de Somme (FDE80). Cela permet d’intégrer dans le périmètre du réseau de chaleur de grosses infrastructures collectives comme des maisons de retraite, des hôpitaux, des piscines, etc. Ces structures permettent d’assurer une demande importante sur un même lieu, ce qui permet d’amortir les coûts. » Cependant, ce modèle des grosses villes rurales, qui semble effectivement le plus efficace, n’empêche pas l’intérêt pour de plus petits réseaux de chaleur comme ceux qui ont été présentés lors des journées du CIBE par le syndicat départemental d’énergies de la Manche.

Plusieurs étapes

Pour créer un réseau de chaleur, différentes étapes sont nécessaires. « Tout d’abord, nous menons une étude d’opportunité, détaille Agnès Lenne. Selon les résultats, nous sollicitons des bureaux d’études afin d’obtenir une étude de faisabilité. Si tout est concluant, la prochaine étape est de procéder à un appel d’offres en vue d’attribuer le marché à un exploitant capable de réaliser la conception, l’installation, la mise en service, et la maintenance pour une durée de huit ans. La procédure est celle du “marché global de performance” ». Au terme du contrat, l’exploitant de la chaudière est de nouveau mis en concurrence. Dans le cas du réseau de chaleur de Corbie, c’est la FDE80 qui s’occupe de la relation entre les clients et l’exploitant. C’est également la FDE qui facture la chaleur aux clients. En parallèle, dès les premières étapes du projet, il est souvent nécessaire de procéder à un transfert de compétence communale auprès du syndicat local de l’énergie. Une réunion publique est souvent également mise en place au cours du processus.

Le choix de l’énergie

L’essentiel des projets se fait aujourd’hui avec de l’énergie bois à partir de plaquettes de bois produites localement à partir de forêts, de haies ou de bois d’entretien. Cependant, il n’est pas exclu d’étudier des réseaux visant à valoriser d’autres types de biomasse comme des coproduits de l’industrie du lin textile (anas) par exemple. L’exploitation de la chaleur fatale de certaines installations industrielles comme des méthaniseurs est également très intéressante. Néanmoins, ces projets sont souvent confrontés à la problématique de la distance entre la source de chaleur et les besoins.

Chaudière de secours

L’approvisionnement en énergie bois peut être parfois soumis à des difficultés d’approvisionnement en cas de gel important sur les routes. Par ailleurs, le fonctionnement d’une chaudière à plaquettes de bois est plus complexe que celui d’une chaudière au gaz. Le « taux de service » n’est jamais de 100 %. À titre d’exemple, il a été de 92 % pour le réseau de Corbie la première année, en 2020/2021, pour un objectif fixé à 91 % en début de projet. Ainsi, les installations doivent souvent être doublées d’une chaudière de secours au gaz.

Un potentiel encore important

En France, il existait en 2020, selon le pôle réseaux de chaleur et de froid du Cerema*, 833 réseaux de chaleur en fonctionnement pour une capacité de 25,4 térawattheures. Le taux d’énergie renouvelable employé était de 60,4 %. Ces réseaux ont représenté, en 2020, 5,9 % des besoins en chaleur de la France et ont desservi 9 % de la population. Le potentiel de développement semble encore important notamment dans les villes moyennes. Aujourd’hui, 57 % de la population vit dans des communes de moins de 10 000 habitants, c’est-à-dire dans des territoires avec une forte proximité de la ressource en biomasse et souvent avec de la place pour construire les installations.

*Cerema : Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement

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