Entretien
Responsable d’unité de méthanisation : un métier qui gagne à être connu
Alors que la profession dénonce un manque de personnel spécialisé, les rangs des centres de formation ont de la peine à se remplir. Communiquer sur la formation re responsable d’unité de méthanisation auprès des jeunes semble la solution pour combler ce décalage, selon Carine Dumas-Larfeil, formatrice au CFPPA de Dordogne.
Quelle est la situation au sein de votre centre de formation à Périgueux ?
Carine Dumas-Larfeil : Nous avons ouvert la formation au certificat de spécialisation « Responsable d’une unité de méthanisation agricole » (CS Ruma) en janvier 2020 au sein de notre centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA). Cela répondait à la demande de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), des porteurs de projets, des exploitants… d’embaucher des salariés formés. L’objectif était également d’accompagner l’essor du nombre de méthaniseurs en France. La première année, nous avons eu trois stagiaires. En 2021, nous avons ouvert la formation à la voie de l’apprentissage. Nous avons eu deux apprentis et quatre stagiaires en formation continue. En 2022, ils étaient quatre au total et en 2023, nous n’avons pas pu ouvrir de session de formation par manque de candidat.
Qu’est-ce qui explique cet écart entre les besoins de profils spécifiques sur le terrain et le nombre restreint de candidats à la formation ?
C. D.-L. : Les centres de formation de Laval (53) et Bar-le-Duc (55), se situant dans des zones avec davantage de méthaniseurs, ont plus d’apprenants, mais les promotions restent petites. Les porteurs de projet font face à un problème de recrutement de personnel formé en méthanisation mais aussi plus largement à un problème d’embauche dans le secteur agricole. Ils doivent penser à former des salariés dès le début de leur projet. Il y a également, de la part des étudiants, une forte méconnaissance, à la fois du métier de responsable d’unité et des formations existantes. Nous devons faire mieux connaître ce métier en nous adressant aux jeunes qui préparent un bac ou un BTS agricole lors des forums et des portes ouvertes des lycées agricoles.
Quelles sont les compétences humaines recherchées et quelle rémunération un responsable d’unité de méthanisation peut-il espérer ?
C. D.-L. : En plus d’avoir une connaissance ou un attrait pour le monde agricole, les compétences humaines recherchées sont :
- le sens de l’organisation, la rigueur et la capacité d’anticipation ;
- la capacité à travailler en équipe, à communiquer et à être force de proposition ;
- l’autonomie, la prise d’initiative et la réactivité ;
- le sens de l’observation.
À titre indicatif, la rémunération commence souvent autour de 2 500 € brut/mois (30 000 € brut/an, astreintes comprises), avec des avantages possibles tels que le treizième mois, les heures supplémentaires majorées… Pour un candidat motivé, le salaire peut évoluer. Il peut atteindre 40 000 € brut/an pour une personne expérimentée.
Quelles formations existent en France ?
C. D.-L. : Afin de couvrir le territoire de façon homogène, cinq centres proposent le certificat de spécialisation « Responsable d’une unité de méthanisation agricole » : le CFPPA de la Dordogne, de Bar-le-Duc (55), de Laval (53), de Pontivy (56) et l’Institut rural d’éducation et d’orientation (Iréo) des Herbiers (85).
La formation est très concrète avec 420 heures en centre de formation (12 semaines) et 420 heures minimum en entreprise. Sont notamment traités : la gestion des flux d’entrée et de sortie du digesteur (alimentation du digesteur et valorisation du digestat), le fonctionnement du méthaniseur (surveillance du site et maintenance des installations) et le pilotage de l’unité (gestion prévisionnelle des stocks des intrants et organisation des opérations liées au fonctionnement de l’unité).