Le tour de la question

Transition écologique, le rôle de l’approche paysagère

La Fabrique écologique a publié une note sur le rôle de l’approche paysagère dans la transition d’un territoire. Celle-ci en explique les avantages, en termes d’adhésion des acteurs locaux et d’optimisation des projets. Elle formule également des propositions pour faciliter sa mise en œuvre par les collectivités.

PAR ARNAUD WYART - AVRIL 2024
Éoliennes dans les Grands Causses, au nord-est de la région Occitanie. ©Parc des Grands Causses

La Fabrique écologique est un think thank qui analyse les enjeux et les solutions de la transition. À ce titre, elle a publié, en octobre 2023, une note issue d’un groupe de travail et intitulée Réussir la transition écologique par l’approche paysagère. Cette note détaille le rôle essentiel du paysage (histoire, géographie des territoires, perception des populations), en particulier pour fédérer les acteurs locaux au service d’un projet commun.

En matière de transition énergétique, notamment, si des projets se montent parfois avec les citoyens eux-mêmes, beaucoup sont en effet abandonnés en raison de l’opposition à laquelle ils font face. « Pour construire un méthaniseur ou déployer des éoliennes, l’argent ne suffit pas. L’adhésion locale est indispensable. Pour cela, il faut prendre en compte, en amont, l’opinion des riverains vis-à-vis des lignes de force du paysage. Le maître mot est donc la concertation », affirme Jean-Pierre Thibault, président du collectif Paysages de l’après-pétrole et co-animateur du groupe de travail.

Tenir compte de l’existant

La démarche repose également sur la connaissance du paysage et de ses caractéristiques (morphologie, couleurs, ambiances, etc.). Cela permet de faire émerger des projets auxquels il sera plus facile d’adhérer. « Un méthaniseur parachuté dans un territoire a toutes les chances de devenir disharmonieux. En revanche, si sa couleur est correctement étudiée (par contraste ou discrétion), on peut l’adosser à une masse boisée, par exemple. Il sera plus ou moins visible, mais donnera l’impression d’avoir toujours été là », assure Jean-Pierre Thibault. De même, certains équipements peuvent corriger des problèmes esthétiques. Des panneaux photovoltaïques, intelligemment placés dans une zone d’activité, ont la possibilité de redonner à celle-ci un peu de sens ou même de la beauté.

Concernant le déploiement de très grands parcs solaires ou d’éoliennes de plus en plus imposantes, la tâche est plus ardue. « Il faut faire en sorte qu’une installation à tel endroit ait l’air naturelle. Par exemple, il est possible de corriger la sinuosité d’une ligne de crête avec l’altitude de la rangée d’éoliennes qu’on y implante. Une ligne droite est alors formée par les pales, les mâts qui les supportent ayant une hauteur différente. Néanmoins, ces installations doivent rester des “évènements paysagers” singuliers pour éviter le risque de saturation », indique Jean-Pierre Thibault.

Un plan de paysage en trois étapes

Pour mettre en œuvre une démarche paysagère, un territoire peut élaborer un « plan de paysage ». Ce dernier est généralement porté par une intercommunalité, par exemple en prélude ou en accompagnement d’un schéma de cohérence territorial ou d’un plan local d’urbanisme. Il repose sur trois étapes. « La première consiste à étudier le territoire, en associant le plus possible les habitants et les acteurs locaux (agriculteurs, forestiers, industriels, etc.) », explique Jean-Pierre Thibault. « On en déduit des objectifs de qualité avec des simulations de ce que sera le paysage dans quelques années, intégrant, pour ce qui est de la transition énergétique, l’ajout d’équipements de production renouvelable, mais aussi des facteurs de sobriété énergétique (compacité urbaine, sentiers ou pistes cyclables…). »

La deuxième étape porte sur la mise en œuvre du plan, à travers un programme d’actions sur le cadre de vie (à moyen et long termes), visible rapidement par tous et donc suscitant davantage l’adhésion (plantation d’arbres, aménagement d’espaces publics, etc.).

La troisième étape, elle, relève du long terme : en fonction des objectifs de qualité paysagère arrêtés, il s’agit d’élaborer les documents d’urbanisme, de les modifier ou de les réviser. Dans tous les cas, la concertation est nécessaire et doit être continue. « Un paysage évolue sans cesse. Il faut donc animer l’étude du territoire et la démarche dans le temps. Au bout du compte, on aura évité les contestations et, parfois, le recours aux tribunaux. »

Appel à projets « Plans de paysage »

Les collectivités ont la possibilité de répondre à l’appel à projet Plans de paysage lancé tous les ans par l’État depuis 2013, soutenu par l’Ademe depuis quatre ans et par l’Office français de la biodiversité à partir de cette année. Ces appels ont déjà permis l’élaboration de plus d’une centaine de ces documents originaux au service de la transition écologique.

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