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Transition et usage des terres : le nouveau scénario Afterres
L’association Solagro vient de publier son nouveau scénario Afterres2050 avec les chiffres actualisés pour 2026. Résumé de la partie « Produire de l’énergie », avec les focus sur la méthanisation et l’agrivoltaïsme.

Afterres2050 est un scénario de prospective publié par l’association Solagro et inspiré du triptyque sobriété, efficacité et utilisation de ressources renouvelables de la démarche négaWatt. Il porte sur le « secteur des terres » : usage des terres et utilisation de la biomasse qu’elles produisent (alimentation, énergie, matériaux), tout en intégrant les services rendus (préservation du climat, de la biodiversité, de la qualité des sols, de la santé…). Les objectifs du scénario ? Nourrir la France et atteindre la neutralité carbone en 2050, améliorer la résilience climatique… Parmi les nombreux leviers à actionner figure la généralisation de la méthanisation territoriale durable.
Une méthanisation agroécologique
« Il y a quelques années, on avait encore des questions sur le fonctionnement ou non de la méthanisation, l’impact sur les sols… Désormais, le débat est nourri sur ces sujets, s’est déplacé et on se demande : que va-t-il se passer si on massifie ? », résume Christian Couturier, directeur de Solagro, durant un séminaire réservé à la presse à l’occasion de la publication du nouveau scénario, rappelant que la méthanisation est la seule filière d’énergie renouvelable qui a tenu les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et de la stratégie nationale bas carbone (SNBC).
Le scénario repose sur la généralisation de la méthanisation agroécologique, c’est-à-dire conçue non seulement pour produire de l’énergie, mais aussi pour offrir des services agroenvironnementaux : apport d’azote réactif dans les systèmes en agriculture bio, réduction des besoins en azote de synthèse en agriculture de conservation, incitation à l’implantation des couverts intermédiaires, allongement et diversification des rotations, réduction des risques pathogènes dans les systèmes d’élevage. Elle est appelée à devenir un standard des différentes productions agricoles – fermes d’élevage ou de grande culture –, via des formes multiples (méthaniseurs à la ferme, installations collectives territoriales, unités agricoles collectives).
La méthanisation agricole permettra d’atteindre l’objectif de la sortie de la consommation de gaz fossile à horizon 2050. « Il ne faut pas opposer le vecteur électrique et le biométhane. Le second permettra d’alimenter la mobilité lourde, qui a des besoins d’autonomie importants », ajoute Christian Couturier. Le biométhane a son intérêt aussi pour d’autres usages difficiles à électrifier : logements collectifs compliqués à isoler, sans accès à des solutions alternatives (PAC ou réseaux de chaleur), industries…
100 000 ha d’agrivoltaïsme
Afterres consacre aussi une partie de son scénario à l’agrivoltaïsme. Ainsi, dans la prospective, l’agriculture contribue à la production d’électricité avec près de 100 000 hectares de surfaces agrivoltaïques, avec co-usage agricole et énergétique. « On dresse pour le moment un bilan plutôt positif, à condition que les projets soient menés de façon correcte. On a pu constater des impacts plutôt neutres, voire favorables, à la pousse d’herbe sous les panneaux associés à l’élevage, par exemple », poursuit Christian Couturier.
Les solutions mobilisées dans Afterres s’assurent que les productions agricoles sont bien préservées, et même renforcées, et que les projets bénéficient au plus grand nombre possible d’agriculteurs. Que ce soit pour la méthanisation ou l’agrivoltaïsme, le scénario estime qu’il faut un partage de la valeur, avec des schémas de développement cohérents (ne pas concentrer les projets dans une commune, et ne rien avoir dans une autre…). Au final, le nouveau scénario Afterres permet de produire davantage d’énergie que le précédent, près de 340 TWh/an, contre un peu plus de 150 TWh/an dans la version de 2020.
L’Observatoire de l’agrivoltaïsme
Le gouvernement a officialisé le 18 novembre la mise en place de l’Observatoire de l’agrivoltaïsme, piloté par l’Ademe, afin de soutenir et d’encadrer cette nouvelle filière. Cet outil national vise à suivre précisément les projets sur l’ensemble du territoire. Il permettra aussi de capitaliser les retours d’expérience pour éclairer les décisions publiques et les porteurs de projets. L’Observatoire garantit que le développement de l’agrivoltaïsme reste compatible avec la vocation agricole des terres. Il recensera les installations existantes et mettra à disposition une cartographie des projets. Il offrira un centre d’informations regroupant documents, outils et ressources pour les acteurs de la filière.
La première version recense déjà plus de 200 installations en métropole et Dom. L’Ademe mène également une vaste étude statistique sur la filière. Les premiers résultats portent sur cinq régions, avec plus de 1 600 projets identifiés à tous les stades de développement. Une deuxième phase d’étude fournira un panorama national complet début 2026. Les ministères de l’Énergie, de l’Agriculture et de l’Urbanisme vont renforcer le suivi des projets et une première campagne de contrôle a été lancée pour vérifier les rapports agronomiques des projets antérieurs à la loi d’accélération des énergies renouvelables de 2023.


