Décryptage
Un plan paysage pour encadrer les énergies renouvelables
Le parc naturel régional des Landes de Gascogne, en Nouvelle-Aquitaine, a coconstruit un plan de paysage autour de trois thématiques, dont l’encadrement des énergies renouvelables.

Début juillet, les 53 communes et 7 communautés de communes du parc naturel régional (PNR) des Landes de Gascogne ont vu l’aboutissement de près de trois ans de démarches collaboratives. Le plan de paysage leur a été présenté officiellement, ainsi qu’aux différents partenaires, dont l’Ademe, la région Nouvelle-Aquitaine et les services de l’État. Ce document comporte 70 actions réparties en trois thématiques : les paysages du risque incendies, la place de l’arbre feuillu et l’anticipation et l’accompagnement de la transition énergétique du territoire. Ce dernier volet se décline lui-même en trois objectifs : « définir les modalités de production et de transport des énergies renouvelables », « anticiper et encadrer l’évolution des espaces habités » et « passer de l’acceptabilité à la désirabilité des énergies renouvelables ». Pour chacun, plusieurs fiches ont été élaborées, contenant des actions réalisables plus ou moins rapidement (lire encadré).
Trois ans de réflexion
Pour Kévin Danieau, responsable du pôle urbanisme et paysage du parc naturel régional des Landes de Gascogne, le plus remarquable est d’être parvenu à un consensus, grâce à près de trois années de concertation et coconstruction. « La première phase a servi à élaborer un diagnostic du paysage en s’appuyant sur de nombreuses rencontres avec les habitants, les visiteurs du territoire, les partenaires et un bureau d’étude de paysage, détaille Kévin Danieau. Une seconde phase, plus stratégique, a permis de définir des objectifs de qualité paysagère en se basant sur des ateliers et un groupe de travail interne. Nous avons interrogé les territoires, pour qu’ils proposent des sites pilotes représentatifs d’un ensemble d’enjeux afin de ne pas définir des actions qui soient décontextualisées. Le site pilote retenu pour les énergies renouvelables se trouve sur la commune de Lanton, soumise à la loi littoral (1). Par exemple, un ancien site d’enfouissement de déchets pourrait être compatible avec une centrale photovoltaïque, mais le projet sera refusé par l’État car il n’y a pas pas de continuité avec les bâtiments existants. Lors de la troisième phase, également basée sur des ateliers avec les partenaires, les élus et les techniciens des collectivités du parc, nous avons fait émerger les 70 actions. Tous ces ateliers et partages d’expérience correspondent à une véritable concertation. L’ensemble fait consensus. »
Un consensus d’autant plus bienvenu que le plan de paysage est une démarche volontaire, qui n’a pas de portée réglementaire. Ceci dit, ce document va très probablement nourrir la prochaine charte du parc naturel régional des Landes de Gascogne, un contrat plus engageant pour les collectivités locales, valable quinze ans et qui vient d’entrer dans sa phase de renouvellement (la prochaine charte doit voir le jour en 2029). En attendant, les équipes du PNR ont désormais pour objectif d’animer le plan de paysage pour le faire vivre auprès des collectivités. Ainsi, une restitution à destination du grand public est prévue en septembre sous forme de webinaires. Celui sur les énergies renouvelables est prévu le 25 septembre de 17h30 à 18h30. Qu’on se le dise.
(1) Selon l’article L. 121-8 du code de l’urbanisme, dans les communes littorales, l’extension de l’urbanisation doit se réaliser en continuité avec les agglomérations et les villages existants
Le plan de paysage en actions
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Objectif « production » : mettre en place un cadre de développement des projets agrivoltaïques en définissant des critères, comme éviter certains sites sensibles ou encore adosser les projets à un projet alimentaire territorial (PAT). Élaborer une cartographie de sensibilité paysagère et écologique indiquant les zones où l’implantation de projets d’énergies renouvelables n’est pas possible. « L’idée est de définir les conditions d’accueil. En précisant ce que l’on veut et ne veut pas, cela permet aussi aux développeurs de savoir comment et où investiguer », explique Kévin Danieau.
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Objectif « espaces habités » : réaliser un guide des bonnes pratiques d’intégration paysagère, en particulier pour les panneaux en toiture, les petites centrales villageoises et les ombrières photovoltaïques.
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Objectif « désirabilité » : « poursuivre les temps d’atelier en réunissant à nouveau les partenaires, les techniciens et les élus, afin d’aller vers une politique plus volontariste et éclairée sur les énergies renouvelables », indique le responsable du pôle urbanisme et paysage du parc naturel régional des Landes de Gascogne.