Un projet collectif de parc éolien

« L’histoire est avant tout humaine, aime à préciser Christian Leguay, agriculteur en Eure-et-Loir à la tête, avec trois voisins, d’un projet éolien.  Un des membres de notre Ceta (Centre d’études techniques agricoles, NDLR) nous a un jour informés que des mesures de vent étaient effectuées dans sa parcelle pour un projet éolien voisin, se souvient Christian Leguay. De mon côté, j’étais monté dans une éolienne en Allemagne et cette expérience avait attisé ma curiosité. Au final, nous étions quatre agriculteurs, sur les douze de notre groupe, à vouloir monter ce projet ensemble. » Sur la base d’un vent moyen mais régulier de 6,5 m/s, une étude de faisabilité économique a été réalisée par un expert comptable. Chaque agriculteur détient 20% de la société et les 20% restants sont répartis entre Christian Briard et Rosemarie Rübsamen, cogérants de la société Zephyr Énergies renouvelables. « Ils connaissaient bien le matériel et les aspects techniques », précise l’agriculteur.

Convaincre les banques

Mais pour ce premier projet éolien dans la région Centre à l’époque, Christian Leguay souligne qu’ils ont « beaucoup de difficultés à convaincre les banques de [les] accompagner ». Et pour cause, le coût total était estimé à 14,5 millions d’euros. Le contrat avec EDF et un tarif d’achat garanti les a aidés à jouer le jeu. Au final, grâce à beaucoup d’autoconstruction et une négociation des prix, le coût total a été réduit à 13,5 M€. « Nous avons récupéré six éoliennes qui auraient dû être montées en mer, précise-t-il, ce qui a permis de réduire les frais. » Ensuite, ce fût le tour du casse-tête des autorisations. « Un pipeline et un gazoduc traversaient le parc éolien, et une base aérienne se situait à 10 km, se rappelle Christian Leguay. Nous avons dû faire face à beaucoup de démarches administratives pendant cinq ans avant d’obtenir le permis de construire. » Les agriculteurs ont ensuite organisé des réunions auprès des riverains pour répondre à leurs questions. En 2006, six éoliennes Vestas, au mât de 100 m, sont sorties de terre à Bonneval pour produire 12 MWh. « Nous avons entretenu le contact avec les personnes qui souhaitaient visiter le site, les étudiants, les écoles, les élus… Nous n’avons pas connu d’opposition au projet. » Aujourd’hui, après bientôt quinze ans de fonctionnement, le contrat doit être renégocié avec plusieurs acheteurs possibles.

« Le projet de notre vie »

« Même si la production varie jusqu’à 25% d’une année à l’autre, selon le vent, le revenu nous a toujours permis de rembourser les prêts, précise l’agriculteur. Le maximum de la production est atteint avec un vent à 54 km/h. Au-delà, l’éolienne se positionne en drapeau. Avec un vent de 90 km/h, elle se met en sécurité et la production s’arrête. Cela n’est arrivé qu’une fois. » Avec le recul, Christian Leguay estime que monter ces éoliennes a été « le projet de [leur] vie. Nous en sommes très fiers. En produisant de l’énergie verte, nous avons le sentiment d’aller dans le bon sens pour nos enfants. »