Un réseau de chaleur bois énergie citoyen

« Les travaux avancent vite, les tranchées viennent d’être rebouchées », se réjouit Denis Peillot, maire d’Estrablin, commune de 3 640 habitants en Isère. Le réseau de chaleur alimenté par deux chaudières à plaquettes forestières, de 170 kW chacune, sera opérationnel pour la prochaine période de chauffe à l’automne. « Entre la hausse du prix du gaz et notre appétence écologique pour une énergie plus propre et plus vertueuse, nous avons choisi d’investir dans un réseau de chaleur. Nous visons une économie de 15 % du coût de chauffage par rapport au gaz », compte l’édile. « Le réseau chauffera les écoles primaire et maternelle, une salle polyvalente, un gymnase et ses vestiaires, la mairie et trois logements communaux, auparavant chauffés via du gaz, précise Eddie Chinal, président de ForestEner, qui développe des projets de chaleur renouvelable en partenariat avec des groupements de citoyens et des collectivités locales(1). Deux chaudières permettent de s’adapter au mieux aux besoins réels de chauffe mais aussi de sécuriser le fonctionnement du réseau de chaleur. Les plaquettes proviennent d’un exploitant forestier local, l’entreprise Rolland Bois ABSRA, situé à 10 km, et permettront d’atteindre une capacité de production d’énergie de 600 MWh par an  », précise-t-il. Les plaquettes forestières seront livrées, par camion, une à deux fois par semaine en hiver. Le bâtiment à construire sera composé d’un espace chaufferie et d’un silo garantissant une autonomie de huit jours entre deux livraisons.

Engagement citoyen

La particularité du projet réside également dans l’engagement des citoyens au côté des collectivités. « Une centrale photovoltaïque de 100 kW équipait déjà le toit du gymnase depuis un an, souligne Eddie Chinal. Ce projet avait été porté par les Centrales villageoises des collines iséroises, une société gérée par des citoyens bénévoles. Pour le réseau de chaleur, ce même groupement ainsi que la mairie vont devenir actionnaires de ForestEner et participer à la gouvernance. » Ainsi l’investissement total de 800 000 € a été financé à 70 % par des subventions (Fonds chaleur de l’Ademe, Certificats d’économies d’énergie…), 20 000 € proviennent des fonds propres de ForestEner et d’une mobilisation d’épargne locale, et le reste est issu d’un prêt bancaire sur quinze ans. « Énergie partagée, qui est également actionnaire de ForestEner, avance près de 400 000 € pour payer les entreprises qui effectuent les travaux, en attendant les subventions en fin de projet, précise Eddie Chinal, qui regrette que trop peu de projets de réseau de chaleur ne se mettent en place en France. Nous parlons beaucoup d’électricité mais peu de chaleur, nous devons plus communiquer sur les avantages des réseaux de chaleur au bois pour qu’ils se développent. » Localement en tout cas, la prise de conscience des avantages liés aux réseaux de chaleur a déjà eu lieu puisque de nouveaux projets sont en cours au sein de Vienne Condrieu Agglomération, à laquelle la commune d’Estrablin est rattachée « et qui a accompagné la commune sur la réalisation de l’étude de faisabilité avant-projet, précise Mustapha L’Haoua, directeur général des services d’Estrablin. La prochaine étape consistera à poursuivre les travaux de maîtrise de l’énergie et de pilotage des réseaux secondaires de distribution de chaleur pour allier deux objectifs de la transition écologique : sobriété énergétique et énergie renouvelable. »

(1) ForestEner, société à la gouvernance partagée, regroupe au sein de son capital des collectivités locales (30 % du capital), des structures citoyennes (40 %) et des entreprises de la filière bois énergie (30%).