Stratégie

Une agriculture vertueuse pour 2050

Le scénario Afterres2050 donne à l’agriculture un chemin possible pour atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle. Il est complémentaire du scénario de l’association négaWatt 2022, publié fin 2021.

PAR ALEXIS DUFUMIER - MARS 2022
À horizon 2050, 45 % de l’agriculture passeraient en agriculture biologique et 45 % auraient des pratiques économes en intrants (agriculture dite intégrée). ©Alexis Dufumier

Comment l’agriculture peut-elle à la fois contribuer efficacement à atteindre la neutralité carbone en 2050, préserver l’environnement et satisfaire en quantité et en qualité l’alimentation d’une population toujours croissante ? Tout ceci avec moins de terres agricoles, moins d’engrais, moins de produits phytosanitaires et moins de consommation d’énergie… Parmi les prospectivistes qui ont élaboré des chemins permettant d’y parvenir, le bureau d’études associatif Solagro a publié sa feuille de route dédiée à l’agriculture, baptisée Afterres2050. Ce scénario, initialement publié en 2016, a été remis au goût du jour le 26 octobre dernier, lors de la publication du scénario énergétique global négaWatt 2022. Les deux modèles sont effectivement nourris l’un de l’autre.

Massifier les solutions

Le scénario Afterres2050 rappelle d’abord clairement que la question des émissions de gaz à effet de serre en agriculture est peu liée à celle de l’énergie. C’est plutôt rassurant, car l’agriculture peut continuer de recourir à la mécanisation. Le secteur qui représente 19 % des émissions de gaz à effet de serre nationales, est très émissif en raison de la production de méthane par les ruminants ainsi que la fabrication et l’emploi d’engrais azotés. Devant ce constat, l’hypothèse de diviser par quatre les émissions du secteur aurait impliqué « un abandon important des surfaces agricoles par afforestation de plusieurs millions d’hectares de prairies naturelles. […] Ce qui a rapidement été jugé inacceptable », souligne le rapport de prospective. Afterres2050 propose donc de réduire les émissions d’un facteur 2. Cet objectif est « jugé faisable, sans pari technique ni sociétal, c’est-à-dire uniquement par la massification de solutions existantes ». Cet objectif permettrait en outre à la France d’atteindre la neutralité carbone à 2050, à condition que les autres secteurs remplissent leurs objectifs de décarbonation.

Un sol vivant

Selon Afterres2050, les objectifs environnementaux et sociétaux amèneraient à un repositionnement des exploitations agricoles. La production en agriculture biologique atteindrait 45 % des surfaces. Par ailleurs, 45 % des surfaces seraient occupées en 2050 par des systèmes dits “intégrés”, c’est-à-dire avec une généralisation des pratiques agroécologiques. Le recours aux engrais et aux phytosanitaires serait divisé d’un facteur 2 ou 3 à cet horizon. L’agriculture se baserait sur des systèmes sur sol vivant, capables d’une plus grande efficience des minéraux dans le sol. En restaurant la biologie des sols, l’agriculture peut espérer restaurer également ce que l’agronome de l’Inra, Francis Chaboussou, appelle les « résistances naturelles » des sols (Santé des cultures, 1985). Les cultures seraient ainsi moins sensibles aux ravageurs. Celles mises en place dans le scénario seraient plus diversifiées, pour mieux résister aux aléas du changement climatique et limiter le recours aux intrants. Le rendement moyen du blé baisserait de 7 t/ha à 5 t/ha. Cependant, la libération de surfaces dédiées à l’élevage permettrait de maintenir un niveau d’exportation vers le pourtour méditerranéen. L’élevage est en effet amené à fortement décroître. Il ne disparaîtrait pas, mais serait globalement réservé à la valorisation des prairies naturelles et ne consommerait plus de soja importé. Les protéines animales ne représenteraient plus qu’un tiers des protéines consommées par la population contre les deux tiers actuellement. Par ailleurs la surconsommation de protéines serait réduite de 50 %. Globalement les émissions du cheptel baisseraient de 40 %. La production de bioénergies serait multipliée par trois La méthanisation est amenée à se développer pour couvrir 30 % des besoins totaux en gaz. Source de fertilisants assurant le retour au sol des minéraux, cette technologie serait conduite comme un outil majeur de la transition agroécologique.

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