Une centrale solaire près d’un captage bénéficie aux agriculteurs

Comment avez-vous eu l’idée de construire une centrale solaire dans le périmètre rapproché d’un captage ?

Jean-Luc Lavigne : Ce captage alimente 14 000 personnes sur 26 communes du nord du département, à partir d’une nappe située à 10-12 mètres de profondeur. En 2008, nous avons commencé par mettre en place autour du captage un périmètre de protection rapprochée de 20 hectares, afin de gérer les pollutions accidentelles. Nous avons peu à peu racheté les terres en les préemptant. Nous avons aussi interdit les cultures et les intrants et implanté une prairie. Puis en 2009, ce captage a intégré la sélection des 507 captages d’eau potable dits « Grenelle de l’environnement », ce qui nous a imposé plusieurs contraintes. Nous avons ainsi délimité une aire d’alimentation du captage de 400 ha, sur laquelle une dizaine d’agriculteurs cultivent du maïs et un peu de blé.

Pour améliorer la qualité de l’eau, nous avons également pris plusieurs mesures fortes. L’une d’elles consiste à aider les agriculteurs à changer de pratique agricole, avec des cultures à bas niveau d’intrants. C’est pourquoi nous avons créé en 2021 l’association EquEau (Ensemble pour la qualité de l’eau) entre notre syndicat et les agriculteurs locaux. Seconde mesure, en lien avec la précédente : installer une centrale solaire au sol dans le périmètre rapproché, zone où on ne peut pas faire grand-chose. Les contraintes étaient énormes et nous avons mis huit ans pour avoir le permis de construire. Il a fallu prouver que la centrale n’avait aucun impact sur la qualité de l’eau, à la fois lors de la construction et pendant l’exploitation.

Quels sont les bénéfices de l’installation photovoltaïque pour les agriculteurs et pour le territoire ?

J.-L. L. : Les agriculteurs bénéficient du loyer de 20 000 € par an, dans le cadre d’un bail emphytéotique de vingt ans conclu entre la SAS EquEau Énergie, qui détient la centrale, et l’association EquEau. Nous sommes en train de construire une filière de miscanthus [graminée nécessitant peu de fertilisants, pas d’intervention phytosanitaire et jouant un rôle de filtre à nitrate, ndlr]. Cinq agriculteurs ont déjà accepté de planter du miscanthus sur 17 ha. Avec l’argent du loyer, l’association EquEau achète les rhizomes et les leur fournit, et eux lui revendent le produit de leur travail.

L’association compte le valoriser, dans un premier temps sous forme de paillage vendu aux communes voisines pour leurs massifs, à la place du paillage bois. Puis sous forme de biomasse dans les chaudières à la place du bois. À terme, l’objectif est que l’association soit autonome économiquement. Quant aux recettes de la vente d’énergie, elles financent le projet de territoire et le renouvellement du réseau, sans qu’il soit nécessaire d’augmenter le prix de l’eau.