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Une première unité industrielle de méthanation biologique
Le 20 mars 2025, la première unité de méthanation biologique à taille industrielle pour injection dans le réseau de gaz naturel a été inaugurée à Lesquielles-Saint-Germain, dans l’Aisne. Cette première installation précède « le lancement de plusieurs projets commerciaux », souligne Enosis, qui a développé la technologie.

Enosis, société basée à Toulouse, a inauguré, le 20 mars 2025, son démonstrateur industriel Denobio qui valorise le CO₂ issu de l’unité de méthanisation agricole Energia Thiérache de Lesquielles-Saint-Germain, dans l’Aisne. « Denobio est notre première unité industrielle de méthanation biologique », souligne Vincent Guerré, président d’Enosis.
Comprendre la méthanation
Le procédé de méthanation consiste à combiner du dioxyde de carbone (CO₂, rejeté lors de l’épuration du biogaz) avec de l’hydrogène (H₂) issu d’électrolyse de l’eau. Ici, le CO₂ mis en présence d’H₂ se transforme en CH₄ et en eau (H₂O), grâce à l’action des archéobactéries (micro-organismes unicellulaires) contenues dans le réacteur de méthanisation. Le méthane de synthèse (CH₄) ainsi produit, également appelé e-méthane, peut être injecté dans le réseau où il se substitue au gaz fossile, avec des propriétés identiques quels que soient les usages. Dans le cas de Denobio, le méthane produit à partir du CO₂, sera prochainement injecté dans le réseau de gaz naturel exploité par GRDF. « La production de méthane [de l’unité de méthanisation Energia Thiérache, ndlr] est alors augmentée de plus de 50 %, sans consommation additionnelle de biomasse », souligne Enosis.
Dans un premier temps, Enosis va traiter le CO₂ rejeté par l’épurateur de l’unité de méthanisation agricole Energia Thiérache, puis celui du biogaz produit par celle-ci. « Il s’agit pour Enosis de montrer les différentes possibilités d’intégration à un site de méthanisation : en complément de l’épurateur de biogaz, ou en substitution, précise Enosis. Dans tous les cas, l’hydrogène nécessaire à Denobio est fourni par la société Lhyfe, qui le produit sur un site distant, grâce à un procédé d’électrolyse à partir d’électricité renouvelable. » Pour David Batteux, président d’Energia Thiérache : ce projet allie « expertise agricole et innovation industrielle. Ce démonstrateur nous permet de valoriser le CO₂ de la méthanisation de façon durable. Ainsi, nous contribuons à une agroécologie respectueuse et tournée vers l’avenir. »
« Technologie prometteuse »
Dans leur communiqué de presse commun du 20 mars 2025, Enosis, l’unité de méthanisation Energie Thiérache et GRDF précisent que dans le rapport “Perspectives gaz 2024”, “les opérateurs français de réseaux de gaz (GRDF, NaTran, Teréga) évaluent à 8 TWh en 2035 la production française prévisionnelle de e-méthane, contribuant ainsi à l’indépendance énergétique de la France. Elle s’ajoute à la production de biométhane, dont la capacité est aujourd’hui supérieure à 14 TWh. Xavier Passemard, directeur biométhane de GRDF, précise que « GRDF cherche à mobiliser toutes les capacités de gaz verts afin de contribuer à la souveraineté énergétique et à la décarbonation. C’est pourquoi il est crucial pour nous de participer au développement d’une technologie prometteuse comme celle d’Enosis, qui crée des synergies avec des procédés déjà matures comme la méthanisation et permettra d’alimenter nos clients de la région avec des volumes accrus de gaz décarbonés. »
Denobio est un projet financé par l’État dans le cadre de France 2030, opéré par l’Ademe. Il est également soutenu par la région des Hauts-de-France et GRDF. Enosis est également associé au laboratoire TBI (Toulouse Biotechnology Institute) de l’Insa Toulouse. Cette première installation précède « le lancement de plusieurs projets commerciaux déjà en cours de développement afin de répliquer et d’adapter cette solution à d’autres configurations, telles que la méthanisation territoriale ou celle de boues de stations de traitement des eaux usées », souligne Enosis.