Le tour de la question

Valoriser le biochar

Actuellement en plein essor, le biochar est un matériau prometteur en termes de débouchés et d’usages agricoles, notamment pour sa capacité à stocker du CO2 et à améliorer le rendement des méthaniseurs. Des solutions basées sur la pyrolyse de biomasse végétale sont en cours de développement par Demio, une start-up basée en Normandie.

PAR ARNAUD WYART - OCTOBRE 2021
La production de biochar à des fins de stockage de carbone ouvre potentiellement un nouveau secteur d’activité aux acteurs des bioénergies. ©Pyreg

Créée en 2018, Demio entend accélérer le développement du biochar dans le monde agricole. Issu de sources ligno-cellulosiques (déchets de bois, tiges, branchages, etc.), ce matériau peut en effet être produit et valorisé par des exploitants. Pour cela, la start-up développe des solutions basées sur la pyrolyse des résidus (coproduits), c’est-à-dire leur conversion thermique en absence d’oxygène. Son système fonctionne à haute température (400 degrés) et à chaleur constante, ce qui permet de générer à la fois de l’huile et du biochar, toujours dans les mêmes proportions, soit 600 tonnes d’huile et 700 tonnes de biochar pour 3 000 tonnes d’intrants. Les gaz issus de la pyrolyse quant à eux sont condensés et réutilisés dans le processus. Ces derniers fournissant eux-mêmes l’essentiel de la chaleur nécessaire, la machine de Demio est quasiment autonome, avec moins de 10 % d’énergie consommée provenant du réseau, selon le fabricant. L’huile obtenue peut être raffinée pour produire du biocarburant ou intégrer des systèmes industriels de production bas carbone. De son côté, le biochar est plus avantageux. Selon Demio, le modèle idéal consistera à produire du biochar, puis à l’utiliser directement sur les sols, par exemple pour réduire l’humidité des cultures telles que le blé. Le biochar peut également être incorporé dans la nourriture animale (lire encadré), avec des effets bénéfiques pour la santé des bêtes, la qualité de la viande, etc. À ce titre, Demio recommande de mutualiser au maximum les usages afin de profiter de l’effet vertueux du matériau. « Ce sont des usages très valorisants. Le biochar peut être utilisé pour nourrir les animaux, mais aussi pour revitaliser les sols. Cela vaut surtout pour le maraîchage et les petites exploitations bio. Les certifications carbone peuvent également représenter une source de revenus, 1 tonne de biochar de qualité remise au sol correspondant à une quantité comprise entre 1 et 3 tonnes de carbone stockées pendant plusieurs centaines d’années. Pour 1 tonne de biochar vendue 1 300 €, le revenu complémentaire, issu de la vente de certificats carbone, varie aujourd’hui entre 100 et 300 € en fonction du marché de la compensation carbone. Il est en outre possible de mettre en place des installations en cogénération afin de vendre la chaleur résiduelle produite en grande quantité, le processus de production du biochar produisant beaucoup de chaleur », indique Bernard Gaultier, président de Demio.

Optimiser le processus de méthanisation

Autre avantage : le biochar ne vient pas concurrencer la méthanisation, cette dernière ne traitant pas les mêmes déchets de biomasse. « Il peut éventuellement entrer en compétition avec le bois énergie, mais les volumes représentent une goutte d’eau sur le marché. En revanche, il est complémentaire de la méthanisation. En intégrant du biochar dans le processus, la production de méthane augmente de 5 à 20 % et les émissions NOX sont fortement réduites. En outre, le biochar peut être incorporé au digestat, ce qui redonne à ce dernier une valeur agronomique », explique Bernard Gaultier. Les agriculteurs, eux, ont plusieurs possibilités : être fournisseurs de biochar, parties prenantes (investisseurs), utilisateurs de la chaleur fatale (pour un usage dans des serres par exemple) issue du process de production ou directement consommateur de biochar. Les installations de production, livrées clé en main sont modulables en termes de capacité de production : de quelques dizaines à plusieurs milliers de tonnes de biochar. « Notre système est capable de traiter 3 000 tonnes de résidus par an, mais nous allons prochainement doubler la capacité. Dans le cadre d’une installation à la ferme par exemple, nous serions au cœur du processus. Les lignes sont super automatisées, mais leur gestion est assez complexe et nécessite la présence d’un salarié sur site, au moins à temps partiel : environ 1h30 toutes les 4 heures », précise Bernard Gaultier. Demio va prochainement mettre en route sa première ligne de production et la start-up envisage une dizaine d’installations dans les années à venir. Elle boucle actuellement les financements et recherche de nouveaux investisseurs.

Biochar : le matériau du futur

Considéré comme du charbon végétal non activé, le biochar (en poudre ou solide) est composé de carbone et affiche de nombreuses propriétés intéressantes, notamment vis-à-vis de l’environnement. Absorbant, purifiant et poreux, le biochar peut être utilisé dans une cinquantaine d’applications : amendement de sols, la filtration des eaux usées, fabrication de matériaux de construction, de batteries, etc. Très intéressant pour la nourriture animale, le biochar a également des effets bénéfiques pour la digestion des bêtes et la qualité de la viande. Il permet en outre de limiter le recours aux médicaments.

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