Apprendre des autres
Aider les PME à s’engager dans la transition
Avec l’augmentation prévue du prix du CO2, les PME vont être directement impactées. Elles ont besoin d’être soutenues financièrement et accompagnées dans leur transition. Explications avec Caroline Mini, chef de projet senior à La Fabrique de l’industrie.
Si les augmentations de la taxe carbone n’ont pas encore été réactivées en France, les PME doivent s’y préparer rapidement. Sur le marché européen, le prix de la tonne de CO2 s’élève actuellement à 40 € et son augmentation semble inéluctable. Pour atteindre les objectifs fixés par la Commission européenne, à savoir la diminution de 50 % des émissions de CO2 d’ici 2030, il faudrait en effet que ce prix soit de 76 €. D’après la Commission Quinet, qui travaille sur la question de la tarification du carbone, la valeur de l’action pour le climat est même estimée à 250 € la tonne de CO2 évitée en 2030 pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Des changements structurels à prévoir
« La tendance est une augmentation du prix carbone, mais toutes les entreprises ne seront pas impactées de la même façon. Concernant les PME industrielles, notamment, l’essentiel de leurs émissions de GES est dû à leur consommation d’électricité. Si le prix du CO2 augmente, celui de l’énergie suivra et elles verront leurs coûts de production augmenter. Environ la moitié des PME industrielles travaillent dans l’agroalimentaire et la fabrication de produits métallurgiques. Or, pour ces entreprises, l’énergie est un poste de dépense particulièrement important », explique Caroline Mini, chef de projet senior à La Fabrique de l’industrie (voir encadré).
En outre, les PME vont devoir s’adapter aux changements structurels en lien avec cette augmentation du prix du CO2. En tant que fournisseurs, il va leur falloir répondre aux objectifs ambitieux fixés par les grandes entreprises en matière de réduction de leur empreinte carbone, mais également aux nouvelles normes environnementales incluses dans les appels d’offres des marchés publics. « L’évolution des filières et la création de filières vertes vont entraîner des changements structurels. C’est le cas, par exemple, dans le secteur automobile avec le passage du moteur thermique au moteur électrique ou à hydrogène. Pour être réactives, les PME vont devoir être agiles et flexibles. »
Soutenir et accompagner les PME
Afin de limiter la hausse des coûts de production et de répondre aux nouvelles normes, les PME vont être amenées à réaliser des investissements, par exemple dans des travaux d’isolation, dans l’achat d’équipements plus efficaces énergétiquement ou dans l’économie circulaire. Selon une étude intitulée Les dirigeants de PME-ETI face à l’urgence climatique et réalisée par Bpifrance/Le Lab en juillet 2020, les dirigeants sont d’ailleurs parfaitement conscients des enjeux climatiques, mais la transition énergétique n’est pas prioritaire dans leurs investissements.
Parmi les principaux freins : des ressources humaines limitées, des problèmes de trésorerie et une méconnaissance des solutions disponibles. « Avec la crise liée à la pandémie de Covid-19, beaucoup de PME se battent pour survivre. Pour accélérer leur transition énergétique, des dispositifs de financement ainsi qu’un accompagnement dans la mise en œuvre sont nécessaires. À ce titre, l’Ademe a récemment lancé le Tremplin pour la transition écologique des PME dans le cadre du plan de relance pour faire bénéficier rapidement les PME d’aides forfaitaires pour des études et des investissements et cet outil est complémentaire d’autres aides et dispositifs d’accompagnement. Au-delà d’un soutien financier, les PME ont besoin d’un accompagnement et d’un appui sur les solutions technologiques et les choix à faire en fonction de leurs besoins. La montée en compétences des collaborateurs est également un élément clé. »
Pour les PME, cette transition peut en effet être synonyme de nouvelles opportunités et de nouveaux marchés sur lesquels elles pourront proposer des équipements plus innovants et des offres correspondant davantage aux attentes des consommateurs et aux besoins des grandes entreprises.
La Fabrique de l’industrie
La Fabrique de l’industrie est un laboratoire indépendant consacré aux perspectives du monde industriel. Il mène des travaux de réflexion sur l’attractivité des métiers, la formation, les relations avec les territoires et les populations ou encore la compétitivité des entreprises.