Circuler plus vert
Au boulot, sans auto
Chez Incub’, chaque déplacement professionnel est pensé pour limiter l’usage de la voiture individuelle. Quitte à refuser des prestations. Pour les déplacements, les salariés privilégient vélo, train, moto électrique et auto-partage.
Au début de sa carrière, Pascal Lenormand a travaillé en Suisse, « où le réseau de train fonctionne bien. J’ai pratiqué le vélo-train. À partir de là, j’ai organisé mes activités de façon à ne jamais être dépendant de la voiture », raconte cet ingénieur de 45 ans. Depuis plus de quinze ans, il s’intéresse aux questions d’énergie et de bâtiment. En 2017, il fonde la SARL Incub’, spécialisée dans le design énergétique. Incub’ forme et conseille des professionnels du bâtiment et intervient auprès des entreprises et des collectivités pour réduire les consommations d’énergie en repensant les choix techniques, mais aussi les modes d’organisation. Un principe que le gérant d’Incub’ et ses trois salariés appliquent à leurs trajets, proches ou lointains.
Transport multimodal
Avant même la crise sanitaire, Pascal Lenormand a privilégié le télétravail. Il a établi le siège d’Incub’ à son domicile en périphérie de Chambéry. « L’objectif est de pouvoir se passer de locaux jusqu’à 15 salariés. Une bonne partie du travail n’a pas besoin d’être effectuée au bureau. Le modèle reposant sur le contrôle et le calcul du temps de travail ne marche pas », estime-t-il. En cas de besoin, Incub’ loue des espaces de coworking en centre-ville. Les temps de rencontre en présentiel ne sont pas négligés. « Nous nous sommes fixés deux fois deux heures dans la semaine, avec un contenu prédéfini, pour être ensemble. Et nous nous retrouvons une fois par semaine pour déjeuner et faire du sport », précise cet ex-alpiniste. Chacun se déplace à vélo, à pied ou en transports en commun. « Nous sommes à moins de 15 minutes de la gare de Chambéry à vélo, et à proximité d’une ligne de bus à haute fréquence », souligne-t-il. La société possède une moto électrique de faible puissance (sans permis) qui leur sert « en ville, quand il faut aller un peu plus loin ou plus vite qu’avec le vélo, ou qu’il faut aller chercher quelqu’un à la gare ».
Pour les déplacements plus éloignés, le train est privilégié. Si cette option n’est pas adaptée, l’autopartage reste une solution. Chaque collaborateur a accès au réseau Citiz, qui propose des voitures en libre-service 24 heures sur 24, dans une centaine de villes dont Chambéry et Bordeaux. « Comme on travaille beaucoup avec la région Aquitaine, on combine le TGV et l’autopartage. Pour certains déplacements, nous pouvons passer plus d’une demi-heure à définir la meilleure stratégie », confie Pascal Lenormand. Temps de trajet en train, nombre de changements, distance en voiture, tout est analysé. Si le rendez-vous est très éloigné, les collaborateurs d’Incub’ regardent s’il est possible de le combiner avec une autre mission dans la région. « Et s’il faut louer une voiture, on fait en sorte de la remplir. Le vrai sujet, ce n’est pas la question du mode de transport mais de combien de transport, quel transport et pourquoi », assure le gérant.
Choix stratégique
Ancien ambassadeur de l’association négaWatt, Pascal Lenormand conseille de penser le modèle économique de son entreprise en prenant en compte la question du transport, afin d’en dépendre le moins possible. C’est ce qu’il fait pour Incub’. « On a fabriqué les contenus de formation sous forme de modules en ligne. Cela a augmenté leur portée et diminué le besoin d’aller sur site. On fait du présentiel quand on ne peut pas faire autrement. Mais je refuse des prestations si je trouve que le ratio présence / déplacement est excessif. Il s’agit d’un vrai choix stratégique car il y a, par exemple, des formations pour les architectes qui ne sont finançables que si elles sont en présentiel », explique-t-il.