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Autoconsommation collective : des projets B to B de grande ampleur
Le collectif BoucL Energie a développé un modèle de projets d’autoconsommation collective à grande échelle sur des zones d’activité économique, qu’il souhaite dupliquer sur tout le territoire. Le premier projet a été lancé en octobre à Saint-Martin-d’Hères, près de Grenoble.
Le 11 octobre dernier était un grand jour pour EverWatt. Le producteur d’énergies renouvelables décentralisées et sa filiale Telkes, associés au sein du collectif BoucL Energie, ont posé la première pierre du plus grand projet d’autoconsommation collective de France. Sept centrales de 30 à 740 kW sont prévues dans la zone d’activité économique (ZAE) du Champs-Roman à Saint-Martin-d’Hères, en Isère, pour un total de 3 MW. Accueillies en toiture ou sur des ombrières de parking d’occupants de la ZAE, tels que Precitechnique, le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), Lidl, etc., elles devraient produire ensemble 3,6 GWh par an, soit 12 % des besoins annuels de la zone.
L’énergie sera vendue aux sept structures qui ont signé un bail de mise à disposition de foncier pour accueillir les centrales et à quatorze autres qui ont manifesté leur volonté d’être également clientes de la boucle. « Le prix de vente, garanti pendant vingt ans, sera, pour chaque structure, inférieur de 10 % à ce qu’elle payait en 2021. Ce pourcentage a été fixé de manière à générer un intérêt économique majeur pour les consommateurs et une rentabilité pour le projet », explique Jérôme Owczarczak, directeur du développement d’EverWatt (lire encadrés).
La construction des centrales s’échelonnera tout au long de l’année prochaine, le fonctionnement à pleine capacité étant prévu fin 2023. La plupart des 21 clients de la boucle de Saint-Martin d’Hères ayant une activité importante en journée, lorsque la production photovoltaïque est à son maximum, ils devraient ensemble consommer l’intégralité des 3,6 GWh/an d’énergie attendus.
D’autres boucles en vue
Issu de travaux de recherche de plusieurs partenaires (Grenoble INP, CSTB, institut Carnot énergies du futur, Enedis, EverWatt, Telkes, Grenoble Alpes Métropole), ce projet, labellisé Défi capitale verte européenne 2022 et lauréat de l’appel à manifestations d’intérêt “Innover pour la transition écologique des territoires 2022”, n’est que le premier d’une série qui pourrait être longue. BoucL Energie prévoit en effet de dupliquer ce modèle de “boucle énergétique locale B to B” de grande ampleur sur d’autres ZAE. « En 2019, la puissance maximale autorisée en autoconsommation collective a été élevée à 3 MW, avec des clients distants jusqu’à 2 km en zone urbaine. Pour monter des projets d’une telle taille et les rentabiliser, il faut des lieux avec de grandes surfaces pour installer des centrales, pas trop éloignés des réseaux, et avec suffisamment de consommateurs potentiels. C’est exactement ce qu’offrent les ZAE », justifie Jérôme Owczarczak. Des études ont déjà été lancées sur des zones situées dans la moitié sud de l’Hexagone, où l’ensoleillement est optimal, mais aussi désormais plus au nord, à Troyes notamment, où les magasins d’usines offrent la possibilité de développer de très grandes centrales et de réaliser ainsi des économies d’échelle. Objectif : avoir développé cent boucles d’ici à 2025.
Financer et rentabiliser les projets
– Pour financer le projet de Saint-Martin-d’Hères, dont le coût est estimé à 4,5 millions d’euros, une campagne de financement participatif a été lancée en novembre en partenariat avec la plateforme WiSEED, pour un montant de 700 000 euros. Le reste de l’investissement est porté par EverWatt, détenu à 72 % par le fonds d’investissement dédié à la transition écologique Transition Evergreen (coté sur Euronext – Paris – compartiment C), et ses partenaires financiers.
– Si l’électricité est vendue aux clients de la boucle de Saint-Martin-d’Hères à un tarif réduit d’environ 10 % par rapport à ce qu’ils payaient en 2021, le pourcentage pourra être différent pour les prochaines boucles, selon les dépenses d’investissement en capital (capex) et l’ensoleillement.
Un potentiel important
Selon les calculs d’EverWatt, il existe 24 000 zones d’activité économique en France, dont 2 000 de taille suffisante pour accueillir au moins un, si ce n’est plusieurs projets d’autoconsommation collective de 3 MW.