Engager sa transition

Autoproduire son propre hydrogène vert

Bulane fabrique des électrolyseurs pour que les entreprises produisent elles-mêmes leur combustible à base d’hydrogène vert, et décarbonent ainsi leurs procédés thermiques et industriels, tels les postes à souder ou le découpage à la flamme.

PAR CAROLE RAP - MAI 2025

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Bulane propose des postes mobiles intégrant un électrolyseur afin de souder, braser, découper grâce à l’hydrogène. ©Bulane

« Le vrai problème des émissions de gaz à effet de serre, ce n’est pas la combustion, mais le combustible à base d’énergies fossiles. Il y a une volonté politique de remplacer cette combustion par de l’électrification directe, mais pour la majorité des procédés industriels thermiques, c’est difficile. Et lorsque cette transition est possible, elle est coûteuse et contraignante. Pour une majorité d’usages au-dessus de 400 °C, l’hydrogène peut être l’une des seules solutions possibles pour décarboner la combustion », assure Nicolas Jerez, président de Bulane, entreprise qu’il a fondée en 2009.

Innovation technique

Cette PME basée près de Montpellier, a mis sur le marché près de 2 200 électrolyseurs depuis 2015, année où elle a commencé leur commercialisation à grande échelle. Les trois quarts ont été vendus à des professionnels ayant besoin d’une flamme pour leurs opérations de brasage, soudage ou coupage sur les chantiers, à l’instar des plombiers-chauffagistes. L’électrolyseur mobile vient ainsi remplacer les traditionnelles bouteilles de gaz, souvent de l’acétylène couplé à de l’oxygène. Il suffit alors d’un peu d’eau déminéralisée ou distillée (25 cl pour 50 minutes d’autonomie) et d’une prise de courant à proximité, pour produire de l’hydrogène.

Le procédé, c’est l’électrolyse de l’eau, un processus électrochimique qui décompose l’eau en hydrogène et oxygène. L’un de ses avantages est de diminuer les émissions de CO2 liées à la combustion, en proportion toutefois du contenu fossile de l’électricité produite par le pays où l’électrolyseur est employé. En France, où le mix électrique est fortement décarboné, le système mobile à flamme conçu par Bulane permet une réduction du CO2 de 92 % par rapport à un système équivalent mais consommant de l’acétylène.

Autre avantage environnemental, la disparition des particules fines émises lors des combustions à partir d’énergie fossile. L’équipement mobile peut être amorti « entre 6 mois et 3 ans pour les professionnels qui consomment au moins un jeu de bouteilles de gaz par mois », indique Nicolas Jerez.

Brûleurs hybrides

Bulane développe aussi des équipements sur mesure permettant aux industriels européens d’hybrider leurs systèmes de combustion pour accueillir une proportion d’hydrogène. « Les brûleurs actuellement sur le marché acceptent entre 20 % et 40 % d’hydrogène en plus du gaz de ville », précise Nicolas Jerez. C’est ainsi que la PME de 35 personnes a noué un partenariat avec Hennessy pour expérimenter l’hybridation dans la distillation du Cognac.

« Les essais sur un alambic de 12 hectolitres ont débuté en février 2022, explique le directeur technique distillation de Hennessy dans une vidéo sur l’usage de l’hydrogène en distillation du Cognac. Nous testons l’hybridation, une combustion alimentée par un mélange de gaz naturel et d’hydrogène. L’hydrogène est produit sur site, à la demande, sans transport ni stockage, via un électrolyseur alimenté en eau et en électricité verte. Nous avons travaillé avec un brûleur existant, standard dans notre filière. Lors des différentes phases d’essais, nous avons injecté jusqu’à 25 % d’hydrogène en puissance, soit 25 % de décarbonation, proportion tolérée par le type de brûleur déjà présent sur nos installations et répandu au sein de l’appellation. On électrifie tout ou partie de la flamme. Cela permettra de décarboner progressivement le process de distillation. »

Depuis quelques mois, Bulane vise un nouveau marché : les entreprises qui utilisent de « l’hydrogène matière » dans leurs procédés industriels. Objectif : remplacer cet hydrogène dit gris car fabriqué à partir de gaz naturel par de l’hydrogène vert autoproduit dans des électrolyseurs. « Les émissions de CO2 seront divisées par 9, en intégrant l’analyse du cycle de vie de l’électrolyseur et de l’électricité utilisée », assure le président de Bulane.

Production occitane

Les électrolyseurs sont développés, assemblés et commercialisés à Fabrègues dans l’Hérault, où Bulane a son siège social, son service R&D et ses ateliers. « Nos produits sont composés à plus de 80 % de composants provenant de la région Occitanie, en termes de valeur économique. Nous travaillons avec une cinquantaine de fournisseurs et de sous-traitants locaux (plasturgiste, électronicien, fabricant de carte électronique, de faisceau électrique, chaudronnier, etc.) et nous effectuons l’intégration ainsi que l’assemblage final », raconte Nicolas Jerez. Les électrolyseurs de Bulane sont présents dans une douzaine de pays du continent européen.

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