Financer sa transition
Barjane, un constructeur d’entrepôts devenu producteur d’électricité solaire
Le groupe Barjane n’est pas seulement un spécialiste de l’immobilier logistique. Il exploite aussi 30 MW de centrales solaires, en majorité en toiture sur les entrepôts qu’il a construits.
« Nous avons cinq métiers : investisseur, aménageur, développeur, gestionnaire et… producteur d’énergie », souligne Léo Barlatier, cofondateur en 2006 du groupe Barjane, dont il est aussi le président. Concrètement, ce spécialiste de l’immobilier logistique conçoit, finance, construit et commercialise des entrepôts, des messageries (locaux pour traiter les flux de marchandises) et des usines sur mesure, bâtiments dont il reste propriétaire. Mais surtout, il s’agit d’une entreprise familiale, qui a su profiter de son indépendance.
Exploiter la 5e façade
« Nous avons démarré le solaire dès 2010, à une époque où la plupart des acteurs de notre secteur, qui appartiennent à des fonds d’investissement ou des banques, n’avaient pas encore mandat pour le faire », explique Léo Barlatier. Avec sa sœur Julie Barlatier, cofondatrice et directrice générale, ils ont très vite « compris le potentiel et l’intérêt d’exploiter la 5e façade, à savoir la toiture. Nous avons intégré la centrale photovoltaïque dans la conception, au même titre qu’une climatisation ou une chaudière », explique-t-il.
À ce jour, le groupe Barjane affiche 30 MW en exploitation, la puissance des centrales allant de 300 kW à 3, 4 ou 5 MW par unité, la plupart en toiture, certaines en ombrières de parking. Elles sont réparties sur une trentaine de sites, soit les trois quarts des sites logistiques construits par l’entreprise. « Au début, nous n’avons pas pu le faire sur des sites en région parisienne, car il n’y avait pas d’équilibre économique. Puis le coût des installations photovoltaïques a baissé et maintenant, on y arrive aussi dans cette région », se félicite le président.
Équilibre économique
L’entreprise investit dans les centrales solaires selon deux modèles économiques. Le premier consiste à vendre la production électrique à EDF, soit dans le cadre du guichet ouvert si les centrales sont de petite taille, soit par le biais des appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) pour les centrales d’une puissance supérieure à 500 kW. Second modèle : si le client pour qui l’entrepôt a été conçu est intéressé, il peut autoconsommer l’électricité. « Dans ce cas, nous dimensionnons la centrale pour qu’elle corresponde à ses besoins, de façon à ce que toute la production soit autoconsommée. Et comme le client utilise la centrale à 100 %, c’est lui qui en supporte l’investissement, soit en en payant la totalité au départ, soit en versant des annuités complémentaires au loyer », indique Léo Barlatier.
Dans tous les cas, le groupe reste propriétaire des centrales photovoltaïques. Ce cinquième métier de producteur n’est pas de tout repos, reconnaît le président de Barjane : « Il y a des pertes, des incidents, des coupures, des échauffements, des intempéries, de la maintenance à réaliser. C’est un vrai métier, qui demande des compétences et des ressources. Nous avons des équipes en interne, et quand c’est très technique, nous faisons appel à des tiers. De plus, l’environnement administratif est très complexe, les lois évoluent, les tarifs changent tout le temps. Il faut avoir le cœur bien accroché, mais nous relevons le défi, parce que nous pensons que c’est vertueux. »
Bâtiments à haute qualité environnementale
« Les 30 MW de centrales solaires couvrent à 103 % la consommation électrique des trente sites sur lesquels elles sont installées. Globalement, ces sites sont donc en autonomie énergétique », se réjouit Léo Barlatier. Son entreprise travaille sur deux leviers : la production d’énergie renouvelable d’un côté et la performance énergétique des sites de l’autre (éclairage LED intelligent, gestion technique du bâtiment, pompes à chaleur, etc.). Avantages pour les clients : « Ils sont dans des sites vertueux, certifiés selon les meilleurs standards en termes de qualité environnementale du bâtiment (BREEAM ou HQE), ce qu’ils peuvent valoriser dans leurs stratégies et engagements RSE et dans leurs propres certifications », indique le président du groupe Barjane.