Financer sa transition
Comment Engie vend ses « green PPA pour tous »
Engie met en avant les « green PPA pour tous », permettant d’alimenter des collectivités et des industriels en France sans critère de taille. À condition de souscrire un contrat d’offre globale via l’entité Engie solutions.
Signer un green PPA, ce n’est pas donné à tout le monde. Engie l’a bien compris, et a mis en place une formule de « green PPA pour tous ». Pour rappel, les PPA, ou power purchase agreements, sont des contrats de gré à gré entre un producteur d’énergies renouvelables et un consommateur industriel ou une collectivité. Pour ces derniers, l’avantage est double : la décarbonation de la part énergétique couverte par le PPA et une stabilité des prix pendant la durée du contrat. Les PPA sont dits « green » quand ils portent sur un actif renouvelable et « greenfield » quand ils permettent de financer la construction d’un nouvel actif de production, principalement une centrale solaire à l’heure actuelle.
D’un à quatre parcs photovoltaïques
C’est ainsi qu’en novembre 2021, Engie a communiqué sur le « premier “green PPA pour tous”, accessible au plus grand nombre et alimentant des clients collectivités, industriels et entreprises en France, sans critère de taille ni de volume de consommation, ni de durée ». Il était assis sur la production d’une nouvelle centrale photovoltaïque de 18 MW (produisant environ 25 GWh par an), développée et exploitée par Engie Green à Fanjeaux, dans l’Aude. Une dizaine de clients ont pu en bénéficier, comme la Ville d’Avignon, le centre Océanopolis à Brest, le groupement hospitalier de Vendée ou le centre commercial Nicetoile.
En juillet 2023, Engie a réitéré son offre de « green PPA pour tous » en proposant 35 MW d’électricité verte en plus, à travers trois nouveaux parcs photovoltaïques (Labrit 2, dans les Landes, de 13 MW, exploité par Engie Green [15,6 GWh] ; le futur parc de Beaucaire-Matagot, dans le Gard, de 18,5 MW détenu par CNR [27,5 GWh] ; le futur parc de Valserhône, dans l’Ain, de 3,7 MW, détenu par Solarhona, filiale de CNR [4 GWh]).
Le lien entre les centrales solaires, les « green PPA », Engie et ses clients est devenu plus explicite. « Pour les quatre parcs photovoltaïques, c’est Engie Solutions qui achète 100 % de la production », explique Karine Le Bourg, directrice du pôle énergies décentralisées et renouvelables chez Engie Solutions, une marque du groupe Engie qui s’est donné pour mission de décarboner les villes, les industries et les entreprises tertiaires. Ainsi le producteur (Engie Green ou CNR, filiale d’Engie) peut rester confiant. Même si un client final faisait défaut, la production solaire continuerait à lui être rémunérée par Engie Solutions.
Gérer la complexité
« Nous sommes l’offtaker (acheteur) du PPA, et le distribuons ensuite à plusieurs clients dans le cadre d’une offre globale de décarbonation », confirme Karine Le Bourg. Engie Solutions a ainsi contracté des PPA de 15 à 25 ans avec les producteurs des quatre parcs pour racheter leur production, qu’il répartit ensuite entre ses clients. « C’est de la gestion de portefeuille », reconnaît Karine Le Bourg. Les durées sont adaptées à chacun, par exemple six ans pour Nicetoile. Les volumes aussi. « Nous pouvons avoir des clients qui consomment moins de 5 GWh dans l’année », indique la directrice du pôle énergies décentralisées et renouvelables.
Les PPA signés avec les clients d’Engie Solutions ne couvrent jamais 100 % de leur consommation électrique, plutôt entre 30 et 50 %. Et ils ne sont pas commercialisés tels quels. En fonction des besoins des clients, la brique PPA peut être ajoutée au sein de contrats de performance énergétique ou de contrats portant sur les réseaux de chaleur et de froid urbains (les chaufferies biomasse, géothermie, etc. ont besoin d’électricité pour fonctionner). « Engie Solutions gère la complexité d’une contractualisation multipartite entre un producteur, un agrégateur, un fournisseur et un client. Les petits consommateurs en France peuvent ainsi accéder à un PPA clé en main. C’est un levier de plus dans la décarbonation », assure Karine Le Bourg.