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Comment tendre vers la sobriété énergétique ?

Pour faire face à la crise de l’énergie et à l’augmentation des prix, les entreprises ont la possibilité d’actionner plusieurs leviers. Explications avec Aurélie Picart, déléguée générale du comité stratégique de filière industries des Nouveaux Systèmes énergétiques.

PAR ARNAUD WYART - SEPTEMBRE 2022
Le groupe de travail Entreprises et organisation du travail préconise la mise en place d’une économie circulaire dans les entreprises, avec récupération de la chaleur fatale en interne, ou via d’autres structures situées à proximité. ©Pixabay

L’exécutif appelle chaque entreprise à établir son propre plan de sobriété dans le but de réduire collectivement les consommations d’énergie de 10 %. Cette mobilisation devrait éviter d’éventuels rationnements, voire l’arrêt d’une partie de l’activité. À ce titre, le groupe de travail Industries, dont fait partie le comité stratégique de filière des Nouveaux Systèmes énergétiques, a été mis en place afin d’établir une stratégie. Début septembre, il a évoqué, avec la ministre de la Transition énergétique, plusieurs leviers activables par les professionnels, notamment les PME. « Il existe différentes manières de parvenir à réduire les consommations : en appliquant les bonnes pratiques, en utilisant des systèmes de pilotage, ou encore en signant des contrats de sobriété et de performance énergétique. Il est toutefois difficile de les décorréler, d’autant qu’elles participent toutes à la décarbonation des entreprises », explique Aurélie Picart.

Appliquer les bonnes pratiques

Afin d’être plus sobres, tout en préservant au maximum leurs process, les entreprises peuvent commencer par mettre en place de bonnes pratiques. Ce volet concerne le chauffage et l’éclairage des bâtiments. « Il est possible de mettre rapidement en œuvre des actions grâce à de simples gestes. Cela peut porter, par exemple, sur une baisse de quelques degrés de la température du chauffage, l’installation de lumières LED, voire le déploiement ou simplement l’activation de systèmes de pilotage pour rendre le bâtiment intelligent », précise Aurélie Picart. Concernant les process, les entreprises sont incitées à décaler les consommations en dehors des créneaux délicats (8-13h et 18-20h). Une action très efficace pour éviter des rationnements cet hiver, en cas de grand froid.

Optimiser les process

Les systèmes de pilotage peuvent également être utilisés pour améliorer l’efficacité énergétique des entreprises (essentiellement pour l’électricité). Il s’agit alors de mesurer et d’optimiser les fonctionnements à l’aide de capteurs et de logiciels, mais aussi d’optimiser l’achat d’énergie verte. « Des compresseurs, par exemple, intègrent des moteurs qui ont des points de fonctionnement optimaux. Un travail d’optimisation des process peut ainsi permettre de réduire rapidement de 10 à 20 % la consommation des machines, avec des investissements relativement faibles et des retours sur investissement rapides », indique Aurélie Picart. Pour cela, il est recommandé aux entreprises de se faire accompagner par des professionnels, par exemple dans le cadre d’un contrat de performance énergétique (CPE) qui englobe la partie étude et diagnostic, ainsi que le passage à l’action et un engagement sur les résultats. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de la plateforme « Je Décarbone » (je-decarbone.fr), qui vise à structurer l’offre et la demande, notamment en matière d’accompagnement. « Nous disposons en France d’une grande expertise en matière d’accompagnement, et de nombreuses solutions techniques sont déjà référencées. Cette structuration va d’ailleurs permettre d’accélérer la baisse des coûts », explique Aurélie Picart.

Récupérer la chaleur

Les bâtiments et les process ont en outre besoin de beaucoup de chaleur (hautes et basses températures). À ce titre, il peut être utile de mettre en place une économie circulaire dans les entreprises, avec récupération de la chaleur fatale en interne, ou via d’autres structures situées à proximité. Pour cela, il existe des technologies d’échangeurs, de pompes à chaleur, voire de production de froid. « Ce type d’action demande beaucoup de temps et les investissements sont un peu plus lourds, mais il est structurant et permet également d’assurer la décarbonation de la chaleur », précise Aurélie Picart. À plus long terme, d’autres solutions existent, comme la production de chaleur dans le cadre de réseaux de chaleur (via des CSR ou de la biomasse), d’installations solaires thermiques, ou encore de solutions de production de la chaleur par l’électricité (induction, UV, infrarouges, etc.).

Sécuriser les prix de l’énergie

En outre, certaines entreprises vont certainement être contraintes de fermer certaines parties de leur activité en raison de la flambée des prix de l’énergie. Pour maîtriser leurs factures, elles ont néanmoins la possibilité de signer des contrats d’achat d’électricité PPA (power purchase agreement) et des GPA pour se fournir en biogaz, avec stockage pour l’autoconsommation. Il s’agit d’un levier activable à moyen terme.

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