Décarboner la mobilité urbaine

Depuis quatre ans, le cluster Tenlog (lire encadré) remet ses prix Défis du transport aux entreprises occitanes mobilisées sur les questions de décarbonation. Les transporteurs routiers de la région ont la possibilité de participer et de gagner 3 000, 6 000 ou 10 000 €. Pour l’année 2023, la première mention spéciale est revenue à Services Écusson Vert (SEV), une PME spécialisée dans la livraison du dernier kilomètre écoresponsable. Créée en 2017, elle emploie 62 salariés et dispose d’une flotte de 55 petits véhicules électriques (triporteurs et utilitaires, jusqu’à 15 m³ de capacité) dans la métropole de Montpellier.

« J’utilisais déjà un Goupil électrique [petit utilitaire, ndlr] depuis 2010 dans le cadre d’une entreprise de livraison, indique Christophe Caset-Carricaburu, directeur de SEV. En 2015, nous avons, avec ma femme, constaté une forte demande pour assurer la livraison des colis dans la métropole. Nous avons fait à cette dernière une proposition consistant à récupérer les colis sur les sites de grandes sociétés de transport, dans un rayon de 20 à 30 km, puis à les livrer aux commerçants et aux particuliers avec un petit véhicule électrique. L’aventure a commencé comme cela. »

Deux outils pour décongestionner la ville

Afin de participer à la décarbonation du transport et de la logistique, l’entreprise a ensuite développé, avec la société Synox, l’application E-Logurba. Basée sur les données de volumétrie des colis récoltés par SEV, celle-ci permet d’optimiser les espaces fonciers connectés, la gestion des flottes et les flux de colis, dans le but de permettre la livraison du dernier kilomètre à l’aide de véhicules zéro ou bas carbone. Elle a permis à SEV d’être lauréate de l’appel à projets « Translog » de l’Ademe. « L’application offre la possibilité de minimiser le nombre de chauffeurs et de véhicules en circulation. La métropole de Montpellier l’utilise pour gérer la réservation des places de livraison, les espaces de logistique, etc. Les chauffeurs, eux, s’en servent pour optimiser leurs tournées », explique Christophe Caset-Carricaburu.

L’entreprise a également été lauréate de l’appel à projets « Logistique 4.0 », dans le cadre du plan France 2030, pour sa solution de chargement et de livraison de marchandises en « tramfret », c’est-à-dire à l’aide d’un tramway recyclé. Celle-ci est actuellement testée dans la ville de Toulouse. En outre, SEV expérimente la livraison à l’aide de droïdes. Pouvant transporter jusqu’à 300 kg, ils visent à réduire la pénibilité et à faciliter l’accès aux petites rues. « Nous avons conçu un système d’automatisation grâce à des droïdes de la marque Twinsweel. Ils peuvent parcourir un trajet seuls. Ils sont aussi capables de suivre automatiquement le livreur, en mode “follow me” afin d’effectuer le dernier kilomètre. »

Réduction des consommations

Par ailleurs, SEV a mis en œuvre des actions en interne dans le but de réduire ses consommations d’électricité. « Le surcoût d’un véhicule électrique est énorme et il n’est plus absorbé par le modèle économique. En raison de l’augmentation des prix de l’énergie et du fait que nos clients ne souhaitent pas payer plus cher pour un transport électrique, nous devons nous adapter », affirme Christophe Caset-Carricaburu. L’entreprise travaille donc avec ses collaborateurs sur l’optimisation des trajets pour diminuer le nombre de kilomètres parcourus. En outre, elle a mis en œuvre l’éco-conduite dans le cadre du label Objectif CO2. « Les boîtiers télématiques me permettent de contrôler la conduite des chauffeurs. En matière d’électrique, le fait de lâcher la pédale d’accélérateur permet par exemple de créer de l’inertie dans le moteur et ainsi de gagner en autonomie », assure le patron de SEV.

Actuellement, l’entreprise utilise le réseau pour recharger les batteries de ses véhicules, mais elle compte installer des panneaux photovoltaïques et passer en autoconsommation. « Pour autoconsommer, il faut être propriétaire du local. Néanmoins, j’ai pu installer des bornes de recharge afin de réduire le montant des factures. Auparavant, j’étais en effet contraint de passer par des bornes publiques et cela me coûtait plus cher que le thermique », assure Christophe Caset-Carricaburu.