Apprendre des autres
Des data centers bas carbone pour PME et collectivités
La société bretonne Stratosfair écoconçoit des centres de stockage de données locaux, avec un impact foncier minime et des panneaux solaires en toiture.
Aujourd’hui, la très grande majorité des données que nous produisons sont stockées loin, souvent aux États-Unis ou en région parisienne. C’est pour proposer un modèle différent, local et soutenable, que Bérenger Cadoret, ancien directeur des systèmes d’information d’une multinationale, a eu l’idée de Stratosfair. « L’objectif de nos data centers bas carbone est de déployer une solution sur mesure au plus près des clients », explique le chef d’entreprise breton.
Stratosfair a été écoconçu pour avoir un impact foncier minime. « Aujourd’hui, les data centers sont immenses, très gourmands en énergie et participent à l’artificialisation des terres. Stratosfair est, lui, fabriqué avec des conteneurs maritimes réutilisables positionnés sur des plots béton, et ne dépasse pas 80 m² d’emprise au sol. Cela permet aussi de moduler le lieu, en ajoutant ou en enlevant des éléments en fonction du besoin de stockage de données. » Des panneaux photovoltaïques installés en toiture (pour une puissance de 40 kW) permettent de couvrir entre 40 et 60 % des besoins en énergie. « Dans le cas où les clients intéressés auraient déjà un bâtiment avec des panneaux, il est aussi possible d’envisager que le data center se positionne à côté, et puisse être ainsi raccordé », poursuit Bérenger Cadoret.
Entre 500 000 et 1,7 million d’euros
Contrairement aux data centers classiques qui utilisent de l’eau, Stratosfair se base sur la récupération de l’air extérieur pour se refroidir (freecooling). La chaleur fatale émise par les serveurs est quant à elle valorisée au maximum en interne pour réguler la température des salles, et son excédent servira, dans le premier data center installé, à une serre urbaine.
Car le premier du genre – celui de la société, qui sert de démonstrateur – est en fonctionnement depuis septembre 2022 à Lanester (Morbihan). Clients visés : collectivités et PME. Prix : entre 500 000 et 1,7 million d’euros, selon le modèle choisi. « Ainsi, le premier client avec lequel nous avons signé est Lorient agglomération, qui est engagé dans une politique autour de la “smart city”. L’enjeu pour les territoires, c’est notamment la souveraineté : ils vont désormais pouvoir stocker leurs données en local, et donc être plus sobres numériquement parlant. Le data center bas carbone peut être l’un des moyens pour réduire l’empreinte environnementale du numérique dans le cadre de la stratégie numérique responsable, que les territoires de plus de 50 000 habitants vont devoir mettre en place à partir de 2025 pour respecter la loi Reen. »
Pour les PME, les enjeux diffèrent un peu. « Elles font face à de nouvelles exigences de leurs clients, qui demandent que l’on rapatrie leurs données dans leur propre région. Or aujourd’hui en Bretagne par exemple, entre Brest, Nantes et Rennes, il n’y a pas de solution locale pour cela… » Stratosfair étudie actuellement quatre projets. « L’objectif est qu’au moins trois soient en cours de construction cette année 2023, puis on envisage une dizaine de sites par an », conclut Bérenger Cadoret.