Circuler plus vert

Ecov, covoiturer comme on prend le bus

Depuis une petite dizaine d’années, l’opérateur de mobilité Ecov conçoit, déploie et exploite des lignes de covoiturage sans réservation, notamment pour les trajets domicile-travail, sur des axes très fréquentés.

PAR CLAIRE BAUDIFFIER - AVRIL 2023
21 % des passagers Lane ont indiqué avoir renoncé à l’achat d’une voiture. ©Clément Choulot.

Quand vous prenez le bus pour vous rendre au travail, vous ne réservez pas. Et pourtant, vous savez qu’il va passer et vous déposer à destination. Les lignes de covoiturage pensées par Ecov depuis 2014 se déploient dans des territoires périurbains ou ruraux où il est difficile de prévoir un service de bus à haute fréquence. « L’idée est de réorienter l’usage de la voiture individuelle vers un usage collectif, notamment pour les déplacements domicile-travail », explique Harald Condé Piquer, responsable développement d’Ecov.

Comprendre les flux de véhicules

Pour mettre en place une ligne de covoiturage, Ecov travaille en lien avec les collectivités locales. « Ce qui est primordial, c’est de comprendre les flux de véhicules. C’est le travail de notre bureau d’études. Si en général la collectivité sait combien de véhicules passent chaque jour sur tel ou tel tronçon, nous cherchons, nous, à identifier d’où ils viennent et où ils vont », poursuit Harald Condé Piquer. C’est ainsi qu’une ligne peut être créée. Ainsi, plusieurs lignes d’Ecov ont vu le jour sur des voies pénétrantes de métropoles, dans des zones mal desservies par les transports en commun.

En Auvergne Rhône-Alpes, la ligne Lane – l’une des premières – par exemple s’étend de Bourgoin-Jallieu à Lyon. Elle comprend un arrêt au parc technologique Saint-Priest, un important pôle d’entreprises du territoire, et un à Mermoz, avec une correspondance avec les transports en commun. Pour l’utiliser, sur des plages horaires définies – du lundi au vendredi, de 6 h 30 à 9 h et de 16 h à 19 h –, c’est simple : conducteurs ou passagers s’inscrivent sur l’application dédiée. Côté passager, il suffit d’indiquer son arrivée à un arrêt. Une notification alerte alors les personnes inscrites comme conducteurs, et l’information est aussi annoncée sur des panneaux lumineux le long de la route. Le conducteur peut alors s’arrêter pour faire monter le passager.

« Toutes les lignes ne fonctionnent pas avec une application. Pour certaines, des bornes servant à informer de sa présence sont installées aux arrêts. » Par ailleurs, la plupart bénéficient de la « garantie départ » : si aucun conducteur ne se présente dans les 15 minutes qui suivent une demande de covoiturage, l’équipe d’assistance d’Ecov trouve une solution – un taxi en général.

Des subventions au lancement

Les collectivités financent les lignes via des marchés publics. Certaines subventionnent les usagers, au moins temporairement au lancement des lignes. Ainsi, pour Lane, les passagers ne paient rien, les conducteurs gagnent deux euros par passager, dans la limite de deux trajets par jour. « Auparavant, ils percevaient en sus un euro pour la mise à disposition de leurs sièges libres, même s’ils n’avaient finalement pas l’occasion de prendre de passager. La ligne étant bien lancée, la collectivité a supprimé cela, sans effet sur le nombre d’usagers. » Car l’idée est que ces lignes, petit à petit, n’aient pas besoin de subventions de la collectivité, qui investirait uniquement pour développer des infrastructures et services associés. « Certaines, comme Covoit’Go dans le Haut-Rhin, fonctionnent sans aucune incitation financière aux usagers », ajoute Harald Condé Piquer.

Dans tous les cas, l’une des conditions de la réussite des lignes, c’est l’accompagnement au changement des usages, en faisant en sorte notamment que les utilisateurs portent et expliquent le service. Dans cette veine, Ecov fait aussi connaître ses lignes dans les entreprises et y mène parfois des actions d’animation ou de sensibilisation auprès des salariés.

En chiffres

55 lignes créées sur une vingtaine de territoires.

15 000 trajets passagers en moyenne par mois sur toutes les lignes.

Moins de 4 minutes d’attente à un arrêt en moyenne.

Pour la ligne Lane : 150 trajets passagers chaque jour en moyenne, en constante augmentation. Objectif d’ici quelques années : parvenir à 20 000 trajets par mois. 21 % des passagers Lane ont indiqué avoir renoncé à l’achat d’une voiture (ou avoir vendu la leur).

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