Groupe hôtelier Raulic : quelles actions après un audit environnemental ?

L’idée a germé en 2019, lors d’un séminaire réunissant 50 employés. « Raulic est implanté dans un territoire préservé et a à cœur d’en prendre soin. Nous avons donc voulu faire un état des lieux de notre impact environnemental », explique Karine Guihard, chargée de projet écoresponsabilité et directrice commerciale du groupe. L’entreprise bretonne compte, entre autres, 10 structures d’hébergement (7 hôtels et 3 résidences de tourisme), le centre de thalassothérapie et spa des Thermes marins de Saint-Malo, les centres Aquatonic et un golf international. Accompagné par l’Ademe Bretagne et par le cabinet Betterfly Tourism, Raulic a profité des fermetures liées au confinement de 2020 pour travailler sur l’audit environnemental. 

Eau, énergie, produits consommables, déchets… tout a été analysé précisément, sur la base des données 2019. « Ainsi, on a pu apprendre que 129 litres d’eau étaient consommés en moyenne dans nos établissements par jour et par personne, ce qui nous a plutôt surpris positivement, car la moyenne française tourne autour de 150 litres. En revanche, nous avons été étonnés par le fait que dans les hôtels haut de gamme, les clients utilisaient en moyenne 7 serviettes chaque jour », détaille Karine Guihard.

Mousseurs et réducteurs de débit

Finalement, l’étiquette environnementale a affiché un B (elle va jusqu’à E) à la fin de l’audit. Le groupe a ensuite lancé, en septembre 2021, un plan d’action par établissement. 384 actions en tout, dont 144 ont déjà été réalisées. « L’une des mesures-phares, c’est la gestion technique centralisée en ce qui concerne l’énergie. Le client ne peut modifier la température de sa chambre qu’entre 19 et 23 °C, ce qui représente déjà des économies d’énergie de l’ordre de 7 %. » Côté eau, toutes les robinetteries ont été équipées de systèmes d’économies (mousseurs et réducteurs de débit). En chambres, tous les produits d’accueil sont désormais proposés dans des contenants plus grands. « Notre sujet principal cette année, c’est celui du linge. Il n’est pas simple, car il mobilise à la fois les équipes, la blanchisserie et les clients, et il ne faut pas rogner sur la qualité. » Les clients, pour le moment, ne se plaignent pas des changements.

Segmenter la transition

L’accompagnement proposé par Aurora 5R commence toujours par des discussions avec les dirigeants sur leurs problématiques. La première phase est d’ailleurs gratuite. Elle réside dans un diagnostic et une estimation du potentiel de l’entreprise à mener des actions. Aurora 5R propose ensuite des séminaires et des audits afin de comprendre les différentes filières, les environnements économiques et les enjeux. « Dans le cadre de nos missions, 90 % du savoir provient des entreprises elles-mêmes. Pour cela, les gens doivent toutefois pouvoir s’exprimer. Nous travaillons pour cela aux côtés des équipes, avec une méthodologie adaptée à chaque cas », précise Pierre-Emmanuel Frot.

Ensuite, Aurora 5R et les entreprises décident ensemble d’un objectif global, puis l’entreprise va mettre en œuvre des actions afin de se diriger vers un changement de modèle. Aurora 5R établit pour cela différents scénarios, puis ceux-ci sont décomposés en projets. Pour réduire la consommation d’énergie ou les émissions de CO₂, cela peut d’abord passer par l’achat d’énergie verte, des travaux de rénovation, etc. Plus tard, la PME pourra travailler sur son cœur de métier et la réduction de l’empreinte globale de sa filière, par exemple en écoconcevant ses produits, ou en s’orientant vers des équipements plus efficaces. « Pour limiter le risque, une transition doit commencer par des actions annexes et accessibles, ce qui permet aux entreprises d’avancer progressivement, tout en conservant leur activité principale. Le but, c’est qu’elles limitent au maximum leur impact et qu’elles soient pérennes. Il leur faut néanmoins établir rapidement une stratégie. Si elles attendent trop longtemps, leurs concurrents les devanceront et il sera alors trop tard », conclut Pierre-Emmanuel Frot.

Impliquer les équipes

Karine Guinhard estime par ailleurs que pour mener ce type de projets, il est indispensable d’impliquer les équipes opérationnelles dès le début. « Les femmes de chambre et les commis ont des idées très concrètes à mettre en œuvre. » L’accompagnement d’un cabinet d’études est aussi selon elle primordial, pour bien maîtriser toutes les thématiques sur lesquelles plancher. « Au vu du contexte, il est urgent désormais que des entreprises comme les nôtres enclenchent le changement. » D’autres projets sont en cours de réflexion, comme ceux d’installer des panneaux photovoltaïques en autoconsommation sur deux établissements.