Engager sa transition

Instaurer une digitalisation responsable

Si l’activité numérique est essentielle pour de nombreuses PME, elle est également responsable de l’émission de beaucoup de gaz à effet de serre. Les entreprises ont néanmoins la possibilité de mener des actions en termes de matériel ou de solutions d’hébergement. Elles peuvent également instaurer des bonnes pratiques au quotidien.

PAR ARNAUD WYART - AOûT 2021
Aujourd’hui, il est encore difficile pour une PME de calculer l’impact de son activité numérique. ©Pixabay

Pour mener leur transition verte, les PME privilégient souvent la mobilité douce ou la sobriété énergétique, mais elle ne prennent pas suffisamment en compte l’impact de leur activité numérique. En constante augmentation, celle-ci entraîne, par exemple, le déploiement (ou le renforcement) d’antennes 4G ou 5G, mais aussi l’installation de serveurs ou de data centers particulièrement énergivores. Selon un rapport du think tank The Shift Project publié en 2018, l’activité numérique serait responsable de 3,7.% des émissions des gaz à effet de serre dans le monde. Un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2025. D’ailleurs, une réglementation française se met actuellement en place, notamment pour contraindre les entreprises à réduire leur impact. « Les PME doivent s’adapter, mais cela nécessite un diagnostic préalable. Pour mesurer leurs émissions de CO2, elles vont avoir besoin d’outils efficaces et accessibles. L’autre enjeu réside dans la résilience des PME. Nous sommes en effet dans une économie mondialisée, avec notamment des tensions sur l’importation de semi-conducteurs. Résultat : l’industrie automobile est actuellement au ralenti car les composants nécessaires ne sont pas disponibles. La sobriété des usages du numérique, en matériel et en services, est impérative. En effet, les entreprises ont généralement trop d’équipements, qu’elles renouvèlent trop régulièrement, et des services souvent surdimensionnés (stockage illimité, services inutiles, etc.). Il faut sortir de la logique du tout illimité », explique Xavier Verne, membre de The Shift Project sur les questions de sobriété numérique et directeur de projet à la SNCF.

Les pistes prioritaires

De leur côté, les PME peuvent mettre en œuvre des actions efficaces. Pour cela, elles doivent commencer par s’intéresser à leur matériel. « Les ordinateurs et les smartphones reconditionnés fonctionnent très bien. Les anciens équipements peuvent donc être revendus pour être reconditionnés. Ils sont en outre moins coûteux. Par exemple, une grosse PME avec 50 postes peut ainsi décider d’unifier l’ensemble de son parc avec du matériel reconditionné et placer celui-ci dans une filière de seconde vie tous les deux ans, sans risque de panne pour ses utilisateurs. Il faut savoir que la fabrication d’un smartphone émet environ 80 à 90 kg de CO2. L’impact de ces appareils est énorme à l’échelle nationale car les Français sont aujourd’hui largement dotés. En outre, ces équipements sont difficilement recyclables », indique Xavier Verne. À ce titre, les entreprises ont également la possibilité d’appliquer le concept de BYOD (1). Les collaborateurs utilisent alors leur matériel personnel (ou inversement) via deux cartes SIM ou une solution de sécurité simple à prendre en main. Ensuite, les PME doivent se pencher sur leur communication client et le bon usage des différents canaux (site Internet, mailing, outil CRM, etc.). « Le stockage est très impactant. Or, selon une étude de La Poste, un flyer papier affiche un impact 3,3 fois inférieur sur le réchauffement climatique à celui d’une vidéo HD postée sur les réseaux sociaux. D’une manière générale, il est donc préférable d’imprimer les documents à longue durée de vie afin de réduire le volume de stockage. Les documents destinés à n’être utilisés que quelques fois peuvent, eux, être conservés sous format numérique, à condition de faire le ménage régulièrement », précise Xavier Verne.
Le dernier point concerne les solutions darchivage et lhébergement à distance. Par exemple, une PME peut contractualiser la suppression automatique des documents après les durées légales. Concernant les solutions dhébergement (cloud, etc.), il faut privilégier les offres hébergées en France ou en Suisse, ces pays disposant dun mix électrique favorable et de garanties solides, notamment en matière environnementale. Autre piste à étudier : les offres de paiement à lusage. En plein essor, ce type de solutions devraient encourager la sobriété numérique, dautant quil va mécaniquement diminuer les coûts pour les entreprises.

Des bonnes pratiques

Par ailleurs, les PME peuvent mettre en œuvre des pratiques vertueuses au quotidien, notamment en ce qui concerne la gestion des e-mails. Ces derniers némettent que quelques grammes de CO2, mais ils sont stockés et répliqués plusieurs fois. Au-delà du nombre, le volume des emails est donc un facteur à prendre en considération. « L’idéal consiste à trier les messages au fur et à mesure, mais il est également possible de supprimer régulièrement les e-mails, par exemple les plus anciens, ceux dépassant une date précise, ou ceux qui intègrent les pièces jointes les plus lourdes. Concernant les outils de productivité, la vidéo doit être utilisée avec parcimonie, en particulier lors des visioconférences. Enfin, je recommande le recours aux solutions permettant l’édition collaborative de documents. On évite ainsi l’envoi de multiples pièces jointes et les remarques sont fusionnées. Ces outils font gagner beaucoup de temps et une fois le projet terminé, il suffit de supprimer les dossiers partagés obsolètes », conclut Xavier Verne.

(1) Bring Your Own Device (« apportez votre propre appareil »)

Mesurer l’impact de l’activité numérique

Aujourd’hui, il est encore difficile pour une PME de calculer l’impact de son activité numérique. Néanmoins, l’Ademe propose des référentiels permettant d’obtenir un premier résultat approché. « Les calculs reposent sur un inventaire. Il est donc nécessaire de bien connaître son matériel et les services en ligne que l’on utilise. Par ailleurs, les opérateurs réseau auront bientôt l’obligation de fournir régulièrement l’impact environnemental de leurs services à tous leurs consommateurs. De son côté, la réduction de l’impact est parfois plus facile à obtenir. Si par exemple, une entreprise prolonge la durée de vie d’un smartphone de 3 à 4 ans, sachant que celui-ci consomme 4 kg de CO2 à l’utilisation par an, en plus des 90 kg liés à sa fabrication, cela représente une économie de quasiment 25 %, soit 23 kg/CO2 à l’année par unité », explique Xavier Verne.

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