Passer aux renouvelables
Jean Fréon Élagage se lance dans l’autoconsommation collective
La PME normande Jean Fréon Élagage vient de mettre en service sa troisième centrale photovoltaïque sur toiture, se tournant avec cette opération vers l’autoconsommation.
Depuis 1967, la PME Jean Fréon Élagage est proche de la nature. Située à Aube, dans l’Orne, une commune rurale entre Caen et Chartres, elle sait couper des arbres, les tailler, les abattre s’ils sont dangereux. Elle produit aussi de la biomasse et de l’électricité solaire. En juin 2023, cette entreprise de 75 salariés a mis en service sa troisième centrale photovoltaïque sur toiture, d’une puissance de 70 kW. À la différence des deux précédentes centrales (de 100 kW chacune) qui injectent leurs électrons sur le réseau en vente totale, le choix pour la dernière venue s’est porté sur l’autoconsommation collective.
Un installateur de confiance
L’entreprise a fait appel au même installateur, un entrepreneur local situé à quelques kilomètres. « Erwan Leraisnier était à l’origine notre électricien. Puis il s’est formé au photovoltaïque », raconte Nathalie Fréon, gérante de l’entreprise familiale. Connaître un spécialiste en qui elle avait confiance l’a aidée à franchir le pas. L’entreprise a installé ses deux premières centrales sur des bâtiments de stockage et séchage des copeaux de bois destinés à fournir des chaufferies de collectivités. La troisième centrale est posée sur le toit de l’atelier mécanique utilisé pour l’entretien du matériel.
Conçue pour l’autoconsommation collective, elle alimente d’abord le site du siège social, comprenant l’atelier, les bureaux et une station de lavage. Les électrons restants sont ensuite utilisés par un site annexe localisé à deux kilomètres du siège, et disposant de son propre compteur. Il s’agit en l’occurrence des bâtiments de stockage, où l’électricité photovoltaïque de la troisième installation alimente une bascule pour peser les copeaux ainsi qu’un bureau et un portail.
Vers l’autoconsommation collective ?
« Le surplus est pour l’instant racheté par EDF Obligation d’achat. Mais Jean Fréon Élagage n’est pas limité en nombre de compteurs. L’entreprise pourra revendre ses kWh à des voisins jusqu’à une distance de 20 km [périmètre dérogatoire pour une opération d’autoconsommation collective étendue en zone rurale, ndlr] », explique l’installateur Erwan Leraisnier. Cependant, monter ce type d’opération prend du temps. Il faut trouver des consommateurs prêts à acheter l’électricité et réaliser un gros travail administratif. Des tâches bien éloignées du métier de la PME normande. « Le but du jeu, c’est d’abord d’autoconsommer nous-mêmes. Le prix de l’électricité ne fait qu’augmenter. Nous constatons déjà des baisses sur nos factures, mais nous n’avons pas encore suffisamment de recul. Nous avons besoin d’un an ou deux pour voir le résultat », temporise Nathalie Fréon.
Coût de revient
La centrale de 70 kW a coûté 65 000 € HT, incluant la fourniture et la pose des panneaux. Après déduction de 7 700 € au titre de la prime à l’autoconsommation, qui dépend de la puissance installée, l’investissement pour Jean Fréon Élagage est de 57 300 €. Pour une production totale estimée à 75 000 kWh par an, le taux d’autoconsommation varie pour l’instant entre 30 et 40 %, ce qui représenterait de 22 500 à 30 000 kWh sur un an.
Pour l’entreprise, qui achète actuellement son électricité à 26 centimes d’euros le kWh (période hivernale), cette électricité autoconsommée devrait générer une économie annuelle de 6 000 € à 8 000 €. Le surplus est racheté par EDF OA au tarif de 6 centimes le kWh, soit un revenu complémentaire d’environ 3 000 € par an. « Nous estimons avec ces données un retour sur investissement de 6 à 7 ans. Nous espérons atteindre 50 % d’autoconsommation, notamment en investissant dans des véhicules hybrides rechargeables », indique Nathalie Fréon, qui précise que les véhicules 100 % électriques ne sont pas adaptés à son activité.