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La Banque de la transition énergétique, un an après
Lancée en septembre 2020 par la Banque populaire Auvergne-Rhône-Alpes, la Banque de la transition énergétique a collecté plus de 160 millions d’euros d’épargne verte locale pour financer 81 projets régionaux en énergies renouvelables et rénovation énergétique.
L’idée de créer la Banque de la transition énergétique (BTE) est venue d’une rencontre entre l’ancien directeur général adjoint de la Banque populaire Auvergne-Rhône-Alpes, Pierre-Henri Grenier, et l’un de ses clients, chef d’entreprise dans le décolletage en Haute-Savoie. « Il avait perdu un gros marché car son acheteur automobile demandait qu’il ait une politique bas carbone. Les grands donneurs d’ordre ont des obligations qu’ils imposent à toute la chaîne, dont nos clients PME. Il faut que les entreprises passent ce cap de la transition énergétique, c’est un enjeu de survie et de rentabilité pour beaucoup d’entre elles. Et une banque coopérative régionale ne prospère que si ses clients prospèrent », raconte avec pragmatisme Pierre-Henri Grenier, devenu entre-temps directeur exécutif de la Banque de la transition énergétique. Du côté des épargnants, il y avait également une attente de voir leur épargne fléchée vers des projets plus vertueux. Un an plus tard, la majorité des crédits accordés par la BTE l’ont été pour financer des projets d’énergies renouvelables (voir encadré).
Expertise bancaire
La BTE réunit une dizaine d’experts capables d’analyser les dossiers les plus complexes. « Il faut vérifier que le projet tient la route. Pour le photovoltaïque, nous avons acheté un logiciel pour valider le productible en entrant les données GPS, l’inclinaison du toit, la marque du panneau, etc. Pour les filières plus complexes, nous demandons des audits à des cabinets spécialisés. Par exemple pour la méthanisation, il s’agit de vérifier que les intrants vont produire les gaz attendus, que les approvisionnements sont sécurisés, que le plan d’épandage a été approuvé par la chambre d’agriculture, etc. », explique Pierre-Henri Grenier. Les dix experts de la BTE analysent les dossiers les plus compliqués. Et ils forment les conseillers de la Banque populaire pour qu’ils puissent traiter par eux-mêmes les plus simples. « Avant, il arrivait que des commerciaux refusent ces dossiers car ils ne savaient pas comment les analyser », souligne Pierre-Henri Grenier. En parallèle, la BTE a consacré un an à la sélection de partenaires qu’elle juge fiables parmi les installateurs, les bureaux d’études ou les diagnostiqueurs. Cela lui permet d’être proactive vis-à-vis de ses clients, en leur suggérant par exemple de valoriser leurs toitures avec des panneaux photovoltaïques. « Nous pouvons leur apporter la solution clé en main », assure le directeur exécutif de la BTE. Et les crédits qui vont avec.
Gros sous
Fin octobre 2021, la BTE affichait plus de 160 millions d’euros de collecte d’épargne auprès des particuliers (sur un livret de transition énergétique, qui propose la même rémunération que le livret bancaire classique). 113,5 millions d’euros de crédits ont déjà été octroyés au bénéfice de 81 projets en lien avec les énergies renouvelables et la rénovation énergétique sur le territoire de la Banque populaire AURA et de la BTE. Celui-ci couvre la région Auvergne-Rhône-Alpes et les départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence ainsi qu’une partie de la Corrèze. Les énergies renouvelables représentent 80 % des projets, dont les trois quarts dans le photovoltaïque (installations de moins de 500 kW principalement). Le reste se répartit entre l’hydraulique, la méthanisation, deux réseaux de chaleur et un parc éolien. Environ 120 projets sont en cours d’analyse, pour 115 millions d’euros de crédits potentiels supplémentaires.
Technique bancaire
La Banque de la transition énergétique est une marque de la Banque populaire Auvergne-Rhône-Alpes et depuis peu de la Banque de Savoie. Ce sont les banques adhérentes à la marque qui portent les encours d’épargne et de crédits. En revanche, à la différence d’une épargne classique logée à BP Aura ou à la Banque de Savoie, l’épargne “transition énergétique” est centralisée tous les mois dans une structure dédiée, pour garantir son usage exclusivement réservé au financement de la transition énergétique.