Passer aux renouvelables

La « cacahuète lyonnaise » produit du gaz

Qui a déjà goûté des gratons s’en souvient. Depuis février 2024, la société Le Graton lyonnais à Reventin-Vaugris (Isère) envoie les déchets de fabrication de ce qu’on appelait autrefois la « cacahuète lyonnaise » dans le biométhaniseur de ses voisins agriculteurs. Quelles contraintes et quels bénéfices ce type de retraitement des déchets a-t-il pour l’entreprise ? Entretien avec son directeur, Xavier Lacroix.

PAR CHRISTEL LECA - JUIN 2024

Comment est né ce partenariat ?

Xavier Lacroix : Pour cuisiner des gratons [gratton s’écrit avec un seul « t » en région lyonnaise], nous utilisons des sous-produits de la charcuterie, ce qu’on appelle le gras mou, que nous faisons fondre à haute température. Leur nom provient de ce que l’on récupère traditionnellement en grattant les parois de la casserole quand on confit des restes de gras. On les retrouve dans de nombreuses traditions culinaires dans le monde, mais c’est une spécialité apéritive bien connue des Lyonnais. Nous faisions collecter nos résidus de fabrication – des miettes et brisures de gratons essentiellement, en dehors du saindoux, que nous revendons – par une entreprise vosgienne, avec l’impact transports que vous imaginez.

Lorsque le biométhaniseur Méthavarèze s’est installé à côté de notre usine, les agriculteurs sont venus présenter leur procédé. J’ai tout de suite fait le lien avec nos effluents et, suite à des analyses, ils les ont intégrés à leur process. Trouver une valorisation aussi locale – le méthaniseur est à moins de 2 km – était une occasion d’être cohérent avec notre philosophie, basée sur des circuits aussi courts que possible.

Quels sont les avantages de ce traitement des déchets par rapport au précédent ?

X. L. : Cela représente une économie de près de 40 % par rapport aux coûts d’élimination que j’avais à supporter. J’avoue que je pensais que l’on m’achèterait la matière, mais elle nécessite d’être collectée – Méthavarèze met des conteneurs à notre disposition qui sont chargés, nettoyés et remplacés chaque semaine – et préparée, et elle ne représente que quelques tonnes (une à deux par semaine) sur les 15 000 entrant dans le méthaniseur chaque année. Rapportés à la production d’énergie, nos déchets pourraient représenter l’équivalent de 75 kWh/an. C’est peu, et le traitement des déchets est très marginal dans notre chiffre d’affaires, mais c’est vertueux pour l’entreprise, car cela donne l’occasion de réfléchir à tous nos impacts.

Nous avons ainsi lancé tout récemment une étude pour produire de l’énergie photovoltaïque pour nos consommations annexes, qui sont de l’ordre de 550 kWh/an. Nous n’avons pas trouvé pour le moment de solution pour remplacer les 200 tonnes de propane qui alimentent nos brûleurs, car nous devons monter très vite en température pour donner leur croustillant à nos gratons. Par ailleurs, nous allons essayer de récupérer notre puissance de chauffe (notre process nécessite de monter à plus de 300 °C) pour chauffer l’eau avec laquelle nous nettoyons le matériel. Nous sommes de plus en plus nombreux à prôner ce type de démarches, qui sont vertueuses à bien des titres. Elles fabriquent de la valeur ajoutée locale, mais aussi de la relation humaine, des synergies avec les acteurs locaux, du travail en réseau : c’est précieux pour un entrepreneur.

15 000 tonnes de déchets pour 15 GWh de biogaz

Le méthaniseur installé au voisinage immédiat du Graton lyonnais a été créé par six agriculteurs qui traitent 15 000 tonnes de déchets chaque année depuis 2022, pour une production de plus d’un million de Nm3 de biométhane, soit 15 GWh/an. Les matières (effluents d’élevage, cultures intermédiaires à vocation énergétique et déchets agroalimentaires) sont chauffées à 40 °C et agitées pour produire un mélange de 60 % de méthane et 40 % de dioxyde de carbone. Une partie du biogaz est consommée sur le site via une chaudière pour les besoins de chaleur du process. La majeure partie est purifiée avant d’être injectée dans le réseau de gaz naturel. Le digestat, résidu de la digestion, est valorisé par épandage sur des parcelles agricoles des actionnaires de l’installation.

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