La géothermie pour chauffer un show room automobile

Depuis bientôt dix ans, l’entreprise Vodiff automobiles réchauffe son showroom de 3 760 m² grâce à la géothermie sur nappe. Le système a été mis en place au moment de la construction de ce vaste hall d’exposition de voitures à Entzheim, près de Strasbourg. La géothermie couvre 100 % des besoins de chaleur du bâtiment, c’est-à-dire qu’aucun appoint n’est nécessaire. Un choix effectué «.pour des raisons environnementales et économiques. Le coût de l’installation est plus élevé qu’avec une chaudière au gaz à basse température ou à condensation car il y a un forage. Mais la nappe étant proche, à une profondeur de 15 mètres, ce choix s’est avéré assez simple, plus pérenne et beaucoup moins polluant », assure l’architecte Jacques Molho, maître d’œuvre de la construction. La géothermie évite le recours aux énergies fossiles et leurs fluctuations tarifaires. Elle reste soumise aux variations du prix de l’électricité, mais dans une moindre mesure. En effet, la pompe à chaleur (PAC) de type eau/eau transforme en chaleur les calories de l’eau, avec un coefficient de performance (COP ) d’environ 3. « Cela signifie qu’on a besoin de 1 kWh électrique pour obtenir 3 kWh de chaleur. Il s’agit d’un COP élevé et constant, à la différence d’une PAC air-eau, car on puise l’énergie dans la nappe qui reste à 10-12 degrés toute l’année », explique Joël Müller du bureau d’études Ruble-Nicli, concepteur du projet. Les émetteurs de chaleur sont des cassettes plafonnières, un plancher chauffant et une centrale de traitement d’air, qui ventile de l’air chaud ou froid et renouvelle également l’air. En parallèle, Vodiff a fait installer un système de climatisation classique, avec un groupe froid relié aux cassettes et à la centrale de traitement d’air. « Cela permet de faire du chaud et du froid en même temps. En intersaison, on peut imaginer des bureaux en mode climatisation et d’autres en mode chauffage, ce qui n’est pas possible avec une PAC réversible », justifie Benoît Andlauer, président de Andlauer SAS, qui a réalisé l’installation.

Rentable à l’usage

En 2011, l’ensemble du système de chauffage par géothermie avait coûté 293 400 € HT, répartis entre le forage (70 000 €), les émetteurs (170 000 €) et la pompe à chaleur (53 400 €). Un montant auquel il faut ajouter 10 000 € « pour l’étude de faisabilité pour le forage, qui a permis de vérifier qu’on avait bien tel débit à telle profondeur », précise Joël Müller. Le coût d’une chaudière à gaz aurait été d’environ 30 000 € il y a dix ans (40 000 € de nos jours). Les émetteurs auraient été nécessaires. Schématiquement, le surcoût par rapport à une solution au gaz était donc d’environ 103 400 € (1). « Pour chauffer une telle surface, il faut compter l’équivalent énergétique de 20.000 litres de fioul, soit 200 000 kWh par an. Au prix actuel de 0,11 centime le kWh de gaz, cela coûterait 22.000 € par an. Chauffer avec une PAC ayant un COP de 3, cela revient à diviser par 3 le prix du kWh électrique consommé, soit 0,12 / 3 = 0,04 centime. Multiplié par 200 000 kWh, on arrive à une consommation d’environ 8.000 € par an », estime Benoît Andlauer. Soit un gain virtuel de 14 000 € annuel au prix actuel du gaz.

(1) 70 000 € (forage) + 23 400 € (différentiel entre PAC et chaudière gaz) + 10 000 € pour l’étude de faisabilité géothermique.