Financer sa transition

La géothermie pour la clinique Saint-Roch, douze ans après

Dans le Nord, la clinique Saint-Roch a fait le choix de la géothermie sur eau de nappe superficielle il y a douze ans, afin de répondre à ses besoins de chauffage et de rafraîchissement. Financé en grande partie par l’Ademe dans le cadre du Fonds chaleur, le projet lui permet aujourd’hui de mieux résister à l’augmentation des prix de l’énergie.

PAR ARNAUD WYART - JUILLET 2024
L’installation couvre 31 % des besoins de chaleur de l’établissement (soit 265 MWh) et 100 % du chauffage de l’eau de la balnéothérapie. ©DR

La clinique Saint-Roch de Cambrai a adopté la géothermie, dès 2012, pour alimenter en énergie renouvelable une nouvelle annexe. Cette dernière comprend un bâtiment de 1 250 m² (14 chambres), un gymnase de 823 m², ainsi qu’un sous-sol complet (ateliers, local technique, etc). Primés Haute qualité environnementale, les deux bâtiments disposent d’une bonne isolation thermique, tandis que le gymnase est aussi certifié Bâtiment basse consommation, ce qui a appuyé le choix de la clinique pour cette solution. La géothermie offrait également la possibilité de rafraîchir l’extension, le tout avec un soutien financier non négligeable.

Néanmoins, il s’agissait alors d’une technologie nouvelle dans le domaine de la santé. Le montage du projet a été long et la clinique s’est faite accompagner par le bureau d’études Antea. Ce dernier a mené les campagnes d’exploration du sous-sol et les études de pré-faisabilité pour la mise en place de pompes à chaleur (PAC) sur nappe. « Pour cette étape, nous avons bénéficié d’une subvention de l’Ademe dans le cadre du Fonds régional d’aide à la maîtrise de l’énergie et de l’environnement (Framee), explique le docteur Joël Cliche, président de la clinique de Cambrai. En effet, rien n’était sûr. Nous avons même signé des contrats de garantie contre les aléas géologiques afin de couvrir tous les travaux de forage qui pouvaient très bien ne pas aboutir. »

La géothermie étant alors un sujet technique et obéissant à des réglementations spécifiques, Antea a produit les différents rapports pour le compte de la clinique et a échangé avec la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) afin d’obtenir les autorisations, une fois la faisabilité du projet validée.

Un projet amorti en six ans

L’investissement, pour l’ensemble de l’installation géothermique, s’est élevé à 369 000 €. Pour le financer, la clinique a reçu, outre l’enveloppe du Framee de 25 000 € pour les études, une aide de l’Ademe de 140 000 € (soit 38 % du budget), déjà, à l’époque, dans le cadre du Fonds chaleur. Le reste a été apporté en fonds propres. En termes de résultats, plus de 10 ans après la mise en service, l’installation géothermique a permis à la clinique de baisser ses coûts énergétiques annuels de 35 980 €. Le projet a été rentabilisé au bout de six ans, un peu plus que l’objectif initial. L’installation géothermique couvre 31 % des besoins de chaleur de l’établissement (soit 265 MWh) et 100 % du chauffage de l’eau de la balnéothérapie. « C’est avec la balnéothérapie que les PAC affichent les meilleurs coefficients de performance énergétique », précise le docteur Joël Cliche. L’installation lui permet d’éviter l’émission de 67,5 tonnes de CO2 chaque année. Hors renouvelables (la clinique a installé des panneaux solaires thermiques), la consommation d’énergie fossile de l’établissement a baissé de 43 %. La direction tire un bilan très positif de cet investissement, d’autant que la géothermie lui a offert la possibilité de traverser la crise énergétique avec moins de difficultés que d’autres établissements.

« À l’époque, nous étions surtout motivés par l’arrivée de la taxe carbone. Nous avions établi plusieurs scénarios, car nous nous attendions à voir cette taxe augmenter, indique le docteur Joël Cliche. Cela n’a pas été le cas, mais nous ne regrettons pas notre choix. Face aux flambées des prix de l’énergie, notamment ceux du gaz, l’installation géothermique nous met à l’abri et nos factures sont moins impactées » En termes de confort, il souligne notamment les avantages du géocooling, y compris pendant les périodes de canicule et de fortes chaleurs. « Un moyen peu coûteux et suffisant pour rafraîchir de façon agréable un bâtiment déjà bien isolé. »

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