La transition énergétique attire les cabinets de recrutement

« Depuis deux ans, nous constatons un nombre croissant de demandes de recrutement de la part de clients liés à l’énergie et à la transition énergétique. En août 2023, nous avons lancé une offre spécialisée sur ce secteur, que nous avons appelée Good Energy », indique Thomas Motti, associé du cabinet de recrutement Get Pro et responsable marketing de cette nouvelle branche. Good Energy rejoint ainsi d’autres cabinets de recrutement experts de ces domaines depuis longtemps, comme Elatos, créé en 2002 et positionné sur les secteurs de l’énergie, de l’environnement et du digital, ou Borea, fondé en 2016 et dédié aux énergies renouvelables.

Et pour cause… Les tensions sont fortes sur ces marchés. « Les métiers industriels, comme les ingénieurs en BTP et les chefs de travaux, sont déjà structurellement en tension. Ceux liés à la gestion et à la production d’énergie, comme les activités de maintenance, ont besoin de profils avec un haut niveau de technicité et dans des lieux géographiques particuliers. Les métiers d’ingénierie manquent de talents pour la conception et la réalisation de hardware, de batteries. Il y a des tensions sur les métiers liés à la digitalisation du secteur (réseaux intelligents…). Beaucoup d’ingénieurs se sont orientés vers l’informatique, ce qui a accentué la pénurie dans les métiers de l’électrique et de l’électronique », analyse Émile Pennes, fondateur de Good Energy.

Approche directe

Parmi ses clients, un grand producteur d’énergies renouvelables recherche des conducteurs de travaux et des responsables de supervision de chantier ; un gestionnaire de réseau recrute des techniciens de maintenance et des ingénieurs pour les raccordements électriques. Mais il y a aussi des PME en plein essor, « avec des croissances de 30 à 40 % par an, qui ont besoin de profils structurants, d’un socle de managers capables de faire passer un cap aux équipes », relate Émile Pennes.

Good Energy compte transposer à ce nouveau marché les méthodes déjà éprouvées chez Get Pro. À commencer par l’approche directe ou « chasse de têtes », qui consiste souvent à aller chercher des profils déjà en poste, avec la capacité à les projeter sur d’autres postes. « Nous venons du monde du digital déjà très en tension, avec une expertise de l’approche directe ultra-personnalisée, et la capacité à comprendre et à pitcher chaque nouveau métier [le présenter aux candidats de manière brève et accrocheuse, ndlr] », assure Émile Pennes. « Il faut savoir identifier les bonnes personnes dans les entreprises, analyser les organigrammes, comprendre les parcours des uns des autres, voir où les entreprises ont pu grandir en termes de compétences. C’est une approche très qualitative », décrit Nicolas Thyss, développeur d’affaires pour Good Energy.

Externalisation

Le cabinet pratique aussi le RPO, pour recruitment process outsourcing, à savoir l’externalisation des processus de recrutement. « Poser des annonces et attendre les réponses ne suffit plus. Des sociétés sont obligées de structurer leurs équipes en interne pour approcher directement les candidats. Certaines ont des besoins de recrutement en escaliers, par exemple lors d’une levée de fonds accompagnée d’une forte accélération, suivie d’un effet de plateau », explique Adrien Moulias, responsable de l’équipe RPO. Dans ce cas, Good Energy place ses propres recruteurs chez ses clients, pendant plusieurs mois voire années. Un acteur du solaire et du stockage d’énergie dispose ainsi de deux recruteurs à temps plein, mis à disposition par le cabinet.