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L’Ademe lance la méthode Empreinte projet
Un nouveau projet est-il vraiment bénéfique pour l’environnement ? La méthode Empreinte projet de l’Ademe compare l’impact environnemental d’un projet avec une situation dans laquelle ce projet n’aurait pas lieu.
« Toutes les innovations, y compris les solutions green tech, peuvent avoir des effets rebonds susceptibles d’annuler ou de réduire les bénéfices environnementaux attendus », rappelle Catherine Mayenobe, directrice des opérations et du pilotage de la transformation opérationnelle du groupe Caisse des dépôts, qui soutient la diffusion de la méthode Empreinte Projet élaborée par l’Ademe et expliquée dans sa newsletter en octobre.
Méthode d’évaluation
Pour vérifier si un projet génère véritablement des bénéfices environnementaux, il s’agit de le comparer à un scénario dit de référence, à savoir une situation dans laquelle le projet n’a pas lieu. C’est le but de la méthode Empreinte Projet, qui s’adresse à toute entreprise ou organisation mettant en œuvre des projets susceptibles de réduire les impacts environnementaux de ses activités… et voulant s’assurer que c’est bien le cas ! Même les PME non concernées par des réglementations environnementales peuvent l’utiliser.
Empreinte Projet propose en effet cinq niveaux d’approche, adaptés à l’état d’avancée du projet. Le niveau 1 est une évaluation simplement qualitative, par exemple pour les projets à faible niveau de maturité technologique. Le niveau 2 permet d’estimer de manière simplifiée les émissions de gaz à effet de serre du projet. Les niveaux 3 à 5 sont plus exigeants, introduisant une approche multicritères de plus en plus approfondie, avec plusieurs indicateurs autres que les émissions de GES, et une analyse du cycle de vie (ACV, voir encadré).
En pratique
Exemple d’application : un projet de logistique avec vélos-cargos porté par Fludis, une entreprise positionnée sur la décarbonation de la logistique urbaine fluviale. « La méthode a permis de chiffrer l’intérêt du remplacement de véhicules utilitaires légers par des vélos-cargos pour distribuer et collecter de la marchandise dans le centre de Paris », explique Laurent Gagnepain, coordinateur au service transports et mobilité de l’Ademe.
Introduite à partir de 2021, la méthode a été testée dans plusieurs cas d’études. Cette expérimentation a notamment permis aux équipes projet des entreprises impliquées de monter en compétences en écoconception et en analyse de cycle de vie. La méthode Empreinte Projet est désormais accessible au public. L’Ademe met à disposition une formation, un outil web et rappelle l’existence de la base Empreinte, base de données publique officielle de facteurs d’émission. Pour l’Ademe, l’objectif est aussi de savoir si un projet financé est toujours bénéfique, compte tenu de ses impacts directs et indirects.
La méthode Empreinte Projet va remplacer QuantiGES2
La méthode Empreinte projet vient succéder à QuantiGES2, une méthode monocritère carbone créée en 2014 qui se focalisait sur la quantification de l’impact d’une action en termes de gaz à effet de serre. L’idée est désormais d’intégrer d’autres indicateurs, comme la qualité de l’air ou la perte de biodiversité. Empreinte Projet s’inspire aussi de la méthode de l’analyse du cycle de vie dite « conséquentielle » ou ACV-C, qui modélise l’ensemble des impacts environnementaux consécutifs à un changement dans le cycle de vie d’un produit.