Passer aux renouvelables
L’autoconsommation collective vogue en Bretagne
Alors que l’autoconsommation collective pourrait concerner une centaine de sites d’ici la fin de l’année, retour sur un des pionniers, qui fait des petits dans le Morbihan.
Il y a trois ans, Pénestin accueillait la première opération d’autoconsommation collective d’électricité photovoltaïque en France (1). Dans cette commune de moins de 2 000 habitants (mais 30 000 l’été), 140 panneaux avaient été installés sur le toit d’un atelier municipal, sur une surface de 234 m2, pour une puissance de 40 kWc. Les panneaux alimentent une douzaine d’entreprises : plusieurs artisans du bâtiment, deux restaurateurs, un garagiste, deux magasins (bricolage et électroménager), ainsi qu’un particulier, pour 1.% à 20 % de leur consommation, à un prix fixé à l’époque de 0,052 €/kWh HT, garanti sur 20 ans. Un tarif avantageux sur le long terme, mais « ce n’était pas le gain financier qui les avait motivés, explique Jo Brohan, président du syndicat départemental d’énergie Morbihan énergies, mais plutôt l’idée de consommer une énergie locale. Le projet avait davantage pour but de faire de la pédagogie sur la consommation d’énergie que d’en produire une quantité importante. »
14 projets similaires
« C’est ainsi que nous avons pu depuis mobiliser 14 autres structures intercommunales sur des projets similaires [dont trois localisés dans des zones d’activités, ndlr] », ajoute Danielle Havard, directrice générale adjointe du syndicat départemental, gestionnaire des 26 000 kilomètres de lignes basse tension du réseau morbihannais. Il faut dire que la réglementation a simplifié les démarches, puisque la structure est aujourd’hui personne morale organisatrice, « ce qui n’avait pas été possible en 2018 où nous avions dû créer une association ad hoc avec la commune, la communauté de communes Cap Atlantique, le bureau d’études Enamo et les consommateurs : Partagélec Pénestin. Avec 15 projets dont celui-ci, aujourd’hui, nous passerions notre temps en assemblées générales ! »
Quid des réseaux ?
Alors que la Bretagne importe 85 % de son électricité, ce type d’opération ne manque pas de sens, même si l’énergie produite à Pénestin alimente surtout le réseau central. Celui-ci continue de se développer, notamment au travers d’une demande grandissante liée à l’électrification des moyens de transports. Et l’élu de s’interroger : « est-on capable de produire suffisamment d’énergie pour alimenter les véhicules électriques qui seront mis demain sur le marché ? Comment nos réseaux supporteront-ils les appels de puissance liés aux super-chargeurs que l’on nous vante ? »
(1) Actuellement, 50 opérations d’autoconsommation collectives sont en service en France et « leur nombre devrait atteindre une centaine d’ici la fin de l’année », selon Enedis.
Budget
- Études de faisabilité : 22 400 euros cofinancés par Pénestin, Cap Atlantique, Morbihan énergies, le Syndicat de l’énergie de Loire-Atlantique Sydela et la Région Pays de la Loire ;
- Investissement : 37 550 euros portés par Morbihan énergies, avec optimisation des coûts grâce à un appel d’offres groupé, soutenu financièrement par le Sydela ;
- Coûts annexes : 40 845 euros, financés par la commune (désamiantage, remplacement des toitures, modification de point de raccordement) ;
- Dépenses d’exploitation : 1 500 euros par an pour la maintenance (Morbihan énergies).