Passer aux renouvelables
Le solaire thermique dans l’accueil touristique
L’Ademe veut redonner confiance dans le solaire thermique en soutenant le tiers-investissement. Les hébergeurs touristiques auront juste un loyer fixe à payer pour la production d’eau chaude sanitaire. Une expérimentation est en cours en Nouvelle-Aquitaine.

L’Ademe Nouvelle-Aquitaine expérimente une solution de tiers-investissement dédiée aux hébergeurs touristiques souhaitant s’équiper en solaire thermique pour l’eau chaude sanitaire. Le principe : ils n’investissent pas eux-mêmes dans l’équipement solaire et sécurisent leurs coûts au moyen d’un loyer fixe pendant la durée du contrat (environ dix ans). Ceux qui portent l’investissement (appelés tiers-investisseurs) sont les installateurs. Mais pour que le loyer payé in fine par les hébergeurs touristiques soit accessible, le projet a besoin d’être subventionné. C’est pourquoi l’Ademe Nouvelle-Aquitaine a lancé en 2020 un appel à manifestation d’intérêt (AMI) auprès des entreprises spécialisées dans la réalisation d’installations solaires thermiques collectives. Il porte sur quatre zones à fort potentiel, identifiées avec l’appui des fédérations locales du tourisme. Trois sont situées sur le littoral. Intitulé « Vente de chaleur solaire thermique auprès des hébergements touristiques », cet AMI a été clôturé le 30 octobre 2020. « Nous espérions que plusieurs opérateurs solaires se manifesteraient mais nous n’avons eu qu’une seule réponse, celle de l’opérateur thermique Eklor associé au bureau d’études Tecsol, et elle répondait à nos attentes », expliquent Alain Mestdagh, référent EnR électrique – solaire thermique, et Raphaël Chanellière, chargé de mission Tourisme, à l’Ademe Nouvelle-Aquitaine.
Location longue durée
Le soutien de l’Ademe se fait dans le cadre du fonds chaleur (voir encadré). Il permettra de financer une dizaine d’études de faisabilité et 250 m² de capteurs solaires en surface cumulée, pour un minimum de cinq installations. « Le seuil d’éligibilité du fonds chaleur est de 25 m². Il est donc possible qu’il y en ait plus de cinq », espère Alain Mestdagh. Reste au binôme Eklor / Tecsol à trouver des clients sur les zones géographiques retenues. L’hébergeur touristique intéressé aura simplement à payer un loyer pendant dix ans « qui correspond à l’ensemble du coût du projet (investissement, entretien, maintenance et charges diverses) après déduction de la subvention Ademe. Cela lui permet d’obtenir un coût du MWh compétitif par rapport à sa solution actuelle en énergie traditionnelle », assure Alain Mestdagh. À l’échéance des dix ans, trois scénarios sont possibles : l’hébergeur renouvelle le contrat de location sur cinq ans supplémentaires avec un loyer inférieur du fait de l’amortissement de l’installation solaire, ou bien il rachète l’installation. Ou alors il ne souhaite ni l’un ni l’autre et le contrat prend fin. Eklor pourra alors récupérer ce qui peut l’être de la centrale solaire. « Nous envisageons de reconduire cet AMI en 2022 en l’élargissant à la cible des bailleurs sociaux en Nouvelle-Aquitaine », confie Alain Mestdagh.
Le détail des aides
Dans le cadre du fonds chaleur, l’Ademe Nouvelle-Aquitaine va financer 70 % du coût d’une dizaine d’études de faisabilité (évaluées à 2 250 € HT chacune). Elles serviront à dimensionner l’installation (surface de capteurs, capacité du ballon d’eau chaude, estimation de la productivité solaire) en fonction des besoins de chaque structure d’hébergement. Puis l’Ademe accordera une aide forfaitaire d’un montant maximum de 0,9 € / kWh solaire par installation, sur la base d’une production solaire prévisionnelle d’un an. 80% de la subvention sera versée à réception des travaux et le solde après avoir constaté les performances atteintes lors de la première année de fonctionnement. L’enveloppe totale de l’Ademe pour les dix études et les 250.m² d’installations proposés par Eklor s’élève à 105 000 €. En moyenne, 1 m² de capteurs solaires produit 400 kWh par an.
Opération pilote à Oléron
En 2018, l’Ademe Nouvelle-Aquitaine a mené une opération pilote similaire sur l’île d’Oléron. Grâce à son soutien, le spécialiste du solaire thermique Eklor a porté les investissements de six installations solaires (camping, hôtel, Ehpad…). Les clients ont signé un contrat de location pour une durée de 7 à 12 ans comprenant un loyer fixe qui ne devait pas dépasser l’économie d’énergie constatée dès la première année (suivi de l’installation et maintenance compris).
Voir : https://www.clesdelatransition.org/entreprises