L’Estia adopte l’autoconsommation

L’École supérieure des technologies industrielles avancées (Estia) est une école d’ingénieur, mais également un laboratoire qui travaille sur différents axes de recherche, notamment l’intégration des énergies renouvelables et la mise en œuvre des micro-réseaux électriques. La construction d’un nouveau bâtiment, baptisé « Estia Berry », à Bidart (Pays basque), était donc l’occasion idéale de passer à l’échelle d’un démonstrateur micro-réseau. En 2018, lorsque les travaux ont démarré, il était d’ailleurs prévu de déployer des panneaux solaires, mais faute de budget insuffisant, le projet a été annulé.

« Nous avons dû chercher une source de financement complémentaire. À l’époque, la Région Nouvelle-Aquitaine proposait des aides pour inciter à l’autoconsommation. Avec Valorem, installé à Bègles, nous avons estimé les consommations à 315 000 kWh/an et dimensionné la centrale solaire en conséquence », explique Ionel Vechiu, enseignant chercheur, en charge du projet « Building MicroGrid » de l’Estia. La Région a finalement apporté une subvention de 115 000 €. L’école a financé le montant restant, pour un budget total supérieur à 500 000 € (installation et mise en fonctionnement du démonstrateur).

Un démonstrateur ouvert à la recherche

Les concepteurs ont imaginé le démonstrateur afin qu’il puisse fonctionner en autoconsommation et en même temps servir de « living lab » pour les activités de recherche menées par le laboratoire sur l’intégration des énergies renouvelables. Ainsi, la partie gestion de l’énergie est un système ouvert permettant de tester différentes stratégies. « Cela nous permettra d’interagir et de mener des tests pour une gestion optimisée afin d’augmenter le taux d’autoconsommation et de minimiser les coûts, précise Ionel Vechiu. L’opération a néanmoins pris beaucoup de temps, car il ne s’agit pas d’une démarche habituelle. Lors de notre premier appel d’offres, aucune entreprise n’a réellement répondu à nos attentes. »

L’école a dû lancer un deuxième appel d’offres pour sélectionner trois prestataires : Soltea pour l’installation photovoltaïque, Entech SE pour la partie stockage d’énergie, et Optera, une entreprise située dans les locaux de l’école, pour la partie gestion de l’énergie. Les travaux ont commencé en août 2022 et se sont terminés en septembre 2023. Au total, l’installation compte 617 m² de panneaux solaires, déployés sur la toiture du bâtiment et sur une ombrière, pour une puissance de 127 kW. Le système de stockage, de type Li-ion (97 kWh), et la partie électronique de puissance associée ont quant à eux été installés dans le sous-sol du bâtiment. À cela s’ajoutent cinq bornes de recharge conventionnelles de véhicules électriques et une borne de recharge rapide (50 kW).

80 % d’autoconsommation

La production annuelle de la centrale solaire est estimée à 128 596 kWh et le bâtiment devrait en autoconsommer 80 %. Le surplus sera injecté dans le réseau. Pour maximiser le taux d’autoconsommation, l’Estia a opté pour des bornes des recharge communicantes. Grâce à un système de gestion et de pilotage optimisé, il sera ainsi possible de recharger les véhicules électriques en cas de surproduction sans tirer sur le réseau. « Le taux de couverture est estimé à 30 %. Cela correspond au rapport entre la production d’énergie renouvelable consommée et la consommation totale. La plupart du temps, l’intégralité de la production sera autoconsommée. Les surplus seront rares, hormis en été, quand le bâtiment est fermé et que le stockage est plein », assure Ionel Vechiu.

La centrale sera mise en service dans le courant du mois. « Nous attendons la validation d’Enedis. Il s’agit en effet d’un bâtiment qui accueille du public et les normes de sécurité sont assez strictes. »