L’Occitanie finance l’efficacité énergétique des entreprises

Récupérer la chaleur fatale des procédés industriels, remplacer des groupes froids, installer des panneaux solaires en autoconsommation ou un système de pompe à chaleur pour le chauffage… ces opérations sont rarement le cœur de métier des entreprises concernées, alors qu’elles nécessitent des investissements conséquents et du temps pour identifier les subventions possibles. « Entre différents projets potentiels d’investissements, l’entreprise a souvent tendance à privilégier son outil industriel. Mais elle a aussi une volonté d’avancer sur sa transition énergétique. Notre objectif était d’apporter une solution de tiers-investissement aux acteurs, en portant des projets avec eux dans une logique clés en main, de la conception de l’opération jusqu’à l’installation, avec une partie financement », explique Gwenael Le Garff, responsable efficacité énergétique et innovation à l’Arec Occitanie¹. Le tiers-investissement permet de faire porter tout ou partie des risques du projet à un acteur tiers (portage du projet, leasing avec ou sans exploitation, location avec exploitation et contrat de performance énergétique). Le dispositif Fiteeo propose aux entreprises des experts du financement et de la mise en œuvre de projets de performance énergétique. Il prévoit aussi un accompagnement au plan de relance et aux dispositifs de subventions, une mise à disposition de certificats d’économie d’énergie (CEE) et du préfinancement.

Outil sur mesure

Acronyme de “Financeur pour l’industrie et le tertiaire de l’efficacité énergétique en Occitanie”, Fiteeo est le fruit de deux ans de réflexion entre la structure régionale Arec Occitanie et l’opérateur privé Greenflex (voir encadré). Exclusivement dédié aux acteurs tertiaires et industriels, le dispositif concerne toutes les catégories d’entreprise, pour des projets dont le cumul des actions atteint un million d’euros. « Nous aurions pour vocation de descendre un petit peu le seuil, parce qu’on intervient aussi sur des contrats de performance énergétique (qui sont une forme de financement) sur des magasins, des hypermarchés par exemple. Mais pour l’instant, le montant minimum des premières demandes est en moyenne entre 800 000 et un million d’euros », indique Magalie Rosso, directrice régionale Sud-Ouest de Greenflex. À fin février, le montant des projets étudiés par les équipes de Fiteeo est estimé à près de 60 millions d’euros sur 2022-2023.

La première entreprise accompagnée, Villeroy&Boch à Valence-d’Agen, a mis en œuvre du remplacement de séchoirs, de l’isolation d’équipements et de la récupération de chaleur fatale. « Fiteeo nous fait un contrat de leasing. Nous payons non plus sous forme d’investissement, mais sous forme de loyer, que nous allons financer par des économies d’énergie », explique Laurent Santarelli, directeur de cette usine de fabrication de céramique. Le site vise la neutralité carbone en 2040, avec un objectif intermédiaire de 50 % en cinq ans. « Ce n’est pas inaccessible, c’est une question d’investissement. Pour l’outil industriel, nous cherchons des retours sur investissement de deux à trois ans. Sur la transition énergétique, il est difficile de les atteindre en moins de huit ans. Souvent, nous y parvenons en douze à quinze ans. Nous ne pouvons pas passer notre temps à essayer de comprendre comment toutes les subventions s’articulent entre elles. Nous nous focalisons sur notre outil de production. Mais l’enjeu des prochaines années sera l’énergie, pour continuer de produire en France », souligne Laurent Santarelli. D’autres projets sont en cours, comme dans le Gard avec l’huilerie Emile Noël et le fabricant d’éléments en béton Lib Industries.

1. Toutes les citations sont issues d’une conférence organisée sur le sujet durant le salon EnerGaïa de Montpellier le 8 décembre 2021.