Passer aux renouvelables
Louer camions et engins de chantier au biogaz
Le groupe Noblet, qui loue des camions et engins de chantier en région parisienne, a passé un tiers de sa flotte au biogaz, tout en restant rentable. Retour d’expérience.
Le groupe Noblet a acquis son premier camion bioGNV en 2016, après deux années de réflexion. À l’époque, ce ne sont pas ses donneurs d’ordre, grosses entreprises du BTP, qui l’ont poussé à l’action. « Ils n’y pensaient pas encore. C’est en 2011 que j’ai réalisé tout ce qu’on émettait en CO2 et compris qu’il y avait un problème. Nous avons travaillé sur nos consommations, en formant tous nos chauffeurs à l’écoconduite. Nous avons ainsi réduit de plus de 15 % notre consommation de carburant sur nos véhicules. Puis j’ai commencé à chercher une technologie de substitution, car les normes que doivent respecter les camions sont de plus en plus restrictives sur les émissions de particules. Il n’y avait pas de marché concernant l’électrique. En 2014, j’ai découvert le biogaz issu de la méthanisation. Le temps de choisir le camion, de le définir, de le commander, il est arrivé début 2016 ; un camion de transport benne grue Iveco gaz 26 tonnes », raconte Laurent Galle, PDG du groupe Noblet.
Flotte renouvelée
Fin 2021, la PME active en Île-de-France détient plus de 30 camions grues, aspiratrices excavatrices et plateaux grues tournant au gaz, sur une centaine de véhicules. Les remplacements sont effectués au fur et à mesure du vieillissement des engins. Sa flotte roule donc pour un tiers au biogaz, un tiers au biodiesel et un tiers au diesel, contre du 100 % diesel il y a cinq ans. L’entreprise s’est aussi dotée d’un camion benne grue 100 % électrique. « Je ne crois pas en une technologie magique, mais au mix énergétique. Nous ne pouvons pas mettre de gaz sur tout le matériel. Par exemple, sur les balayeuses, il n’y a pas de place pour les réservoirs de gaz, c’est pourquoi nous avons choisi le biodiesel. Nous le faisons livrer chez nous par le groupe Avril, fabricant français de biodiesel. Cela permet de réduire de plus de 60 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport au diesel. » Mais si le passage du diesel au biodiesel ne suppose qu’un petit changement technique au niveau du filtre (environ 250 euros), le passage au bioGNV suppose le remplacement intégral du véhicule. Ce choix en apparence radical se révèle tout à fait rentable. « Le surcoût est d’environ 30 000 € pour des camions qui valent 210 000 € en biogaz, contre 180-185 000 en diesel. Mais il est en grande partie compensé par le dispositif de suramortissement (1). Cette aide de l’État permet de suramortir le véhicule à hauteur de 40 %, ce qui équivaut à une réduction de prix de 12 % », explique Laurent Galle.
Avantage concurrentiel
Le groupe Noblet a fait installer des bornes de ravitaillement sur ses sites, ce qui lui permet de payer le gaz moins cher que s’il devait l’acheter en station. Il a conclu un contrat de trois ans avec le fournisseur Save énergies. Le gaz provient du réseau et est estampillé “bioGNV” selon le principe des garanties d’origine. « Le biogaz permet une autonomie de 400 à 600 km alors que nos chauffeurs font en moyenne 100-150 km par jour. En 2020, nous avons baissé nos émissions de CO2 de 32 % par rapport à 2015 et en 2021, on sera sur du – 45 % ! », se réjouit Laurent Galle. Ce qui était au départ une conviction s’est transformé en un avantage concurrentiel. « Cela a commencé en 2019 avec les villes, qui dans les contrats voulaient des véhicules propres sur les chantiers. Aujourd’hui, des clients nous demandent des camions spécifiquement au gaz, ce qui nous permet de valoriser cette différence en proposant des prix plus élevés. » Un juste retour des choses.
(1) Les entreprises peuvent amortir les biens à hauteur de 140 % de leur valeur. Le surplus (soit 40 %) constitue une subvention visant à stimuler l’investissement. Cet avantage fiscal est étalé sur la durée d’utilisation du bien.
Véhicules légers électriques
Le groupe Noblet loue également une flotte de 24 véhicules électriques qu’il propose à ses chauffeurs pour leurs trajets domicile-travail. Le prix inclut la maintenance et l’électricité. Des bornes de recharge ont été installées sur le parking. Les voitures de fonction sont également remplacées au fur et à mesure par des véhicules électriques. Ainsi, les commerciaux de l’entreprise roulent en véhicules 100 % électriques depuis deux ans.