Circuler plus vert
Mettre en place une flotte de véhicules verts
En Gironde, la transition du transporteur Benito a commencé il y a environ deux ans. Pour le moment, la PME teste le biogaz, l’huile de colza et le 100 % électrique. Sur une flotte de 220 véhicules, près d’une trentaine ne roule plus au gazole. Explications.
Basée à Bordeaux, la PME Benito est signataire, depuis 2009, de la charte Objectif CO2. Dans ce cadre, elle a mis en place une démarche globale de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre afin de moderniser son parc de camions. Après réflexion, son choix s’est porté vers un mix énergétique. « Nous renouvelons petit à petit nos véhicules avec trois énergies différentes : biogaz, huile de colza B100 et 100 % électrique. Cela nous permet de savoir celles qu’il sera possible de déployer massivement lors des prochains renouvellements », explique Jean-Nicolas Benito, directeur général de la PME.
Selon lui, ce mode de déploiement à petite dose est nécessaire. Contrairement aux particuliers, orientés vers l’électrique, les entreprises ont peu de visibilité et aucune direction définitive n’a été prise en matière de motorisation. « Il existe sept constructeurs et aucun ne propose la même chose. Ce déploiement nous permet de tester les technologies en fonction de nos usages. Nous disposons également d’un atelier et de mécaniciens pour optimiser l’expérimentation. »
S’adapter aux différentes énergies
Aujourd’hui, la PME compte deux camions électriques, une vingtaine de poids lourds roulant au B100 et cinq véhicules biogaz (notamment des camions légers de 20 m3). « Le biogaz et l’électrique, affichant des autonomies plus faibles, sont utilisés pour assurer de la livraison urbaine et de la très courte distance. Pour le B100, l’autonomie est similaire au diesel, donc on peut effectuer de la longue ou de la courte distance, un Bordeaux-Paris avec des tracteurs routiers, par exemple, sans problème », assure Jean-Nicolas Benito. En termes d’utilisation au quotidien, le biogaz et le B100 entraînent peu de changements chez les utilisateurs, car leur fonctionnement est finalement très similaire à celui des véhicules diesel, y compris en ce qui concerne le ravitaillement.
Pour l’électrique, l’adaptation a été un peu plus chaotique au début. Il a fallu pour l’entreprise trouver la bonne tournée et le bon chauffeur. « Nous avons une formule qui fonctionne depuis un an, notamment pour un poids lourd, mais il faut savoir s’adapter au camion et à son autonomie, très faible. Par ailleurs, le chauffeur roule lui-même en hybride et il n’avait pas peur d’avoir entre les mains un véhicule aussi pointu technologiquement et coûteux. Beaucoup de chauffeurs nous ont dit hésiter pour ces raisons », indique Jean-Nicolas Benito.
Des investissements importants
Pour assurer le ravitaillement de ses véhicules, le transporteur a installé une cuve B100 de 20 000 litres au niveau de son entrepôt, ainsi qu’une borne électrique de 22 kW pour laquelle il a bénéficié d’une aide financière, directement par le fournisseur. « Concernant le biogaz, une station Engie a été ouverte juste en face de notre siège, à Bordeaux. Pour être honnête, cela a facilité le choix de cette énergie », précise Jean-Nicolas Benito.
Le budget lié à la transition des camions est conséquent. Pour l’achat du porteur électrique, par exemple, l’investissement s’est élevé à 250 000 € et l’entreprise a bénéficié d’une aide de 50 000 € de la région Nouvelle-Aquitaine. « Une solution consiste à sur-amortir l’investissement, d’autant que pour l’huile de colza et le biogaz, le prix au litre n’est pas forcément moins élevé que le diesel et les vidanges sont plus rapprochées. L’électrique, lui, est très coûteux à l’achat, mais il peut être rentabilisé en quatre ou cinq ans avec les prix de l’énergie actuels. »