Apprendre des autres
Microtechnic Group veut protéger le vivant
Zéro déchet, décarbonation, Convention des entreprises pour le climat : Nathalie Augé, dirigeante de la PMI Augé Microtechnic Group dans le Doubs, tend vers un modèle d’affaires qui puisse inclure « le respect du vivant ».
Quand on écoute Nathalie Augé, on en oublie presque qu’elle dirige une entreprise de 450 salariés, dont le cœur de métier est la conception d’outillages et de pièces techniques de précision (découpage, contactage, injection et surmoulage, etc.) « Comment faire évoluer notre modèle d’affaires pour qu’il inclue la protection du vivant ? » se demande cette femme d’affaires convaincue que les marchés économiques vont « basculer vers plus de sobriété ».
La performance environnementale faisait déjà partie de la stratégie du groupe, certifié ISO 14001 depuis 2010. Désormais, elle devient centrale. Nathalie Augé préfère d’ailleurs dire « protéger le vivant » plutôt que « respecter l’environnement ». Ce glissement sémantique illustre l’évolution de sa pensée, marquée notamment par sa participation à la Convention des entreprises pour le climat (voir encadré) : « Protéger le vivant, dont je fais partie, cela donne un sens à ma vie. C’est une responsabilité primordiale, à la fois vertigineuse, et essentielle », reconnaît-elle.
Zéro déchets
À la tête de l’entreprise familiale depuis 2011 (elle était auparavant responsable de la logistique), cette femme d’action a d’abord mis la priorité sur la réduction des déchets et la sobriété. « Notre métier dans le découpage nous a amenés très tôt à chercher à réduire la consommation de matière en travaillant sur la conception des outils, c’est un enjeu autant économique qu’écologique », indique-t-elle.
Séparation du métal et du plastique lors des opérations de surmoulage afin de permettre leur recyclage, réemploi des palettes ou des tasseaux entre les différents sites : en 2022, Augé Microtechnic Group est parvenu à valoriser 97,1 % de ses déchets produits, et espère atteindre 100 % à terme. « Nous étions aussi très actifs sur des actions de sobriété, comme le remplacement d’équipements par d’autres plus performants (machines, éclairage, compresseurs, groupe froid…), la sensibilisation du personnel, l’isolation », assure Nathalie Augé.
Bilan carbone
La réalisation d’un bilan carbone en 2022 et l’organisation d’une Fresque du climat pour une vingtaine de membres de l’entreprise, a accéléré la prise de conscience. « En étant axé sur le zéro déchet, nous avions sous-évalué l’impact carbone, que je considérais seulement comme une réglementation contraignante. Or cet impact est avant tout dans les matières utilisées pour nos produits (inox, cuivre, laiton, acier, bronze…). L’étape d’après portera donc sur les émissions de gaz à effet de serre liées à nos approvisionnements. Nous devons aller au-delà du recyclage », assure Nathalie Augé.
Plusieurs mesures ont été mises en place ou sont en réflexion : sélectionner les fournisseurs selon leur impact CO2, développer la sobriété numérique, étudier la récupération de chaleur fatale, organiser des défis pour mobiliser les équipes, mettre à disposition des vélos pour les déplacements entre les sites du groupe (basés à Thise dans le Doubs). « On travaille avec le Grand Besançon sur l’aménagement de la zone industrielle pour la rendre accessible aux vélos, ainsi que sur la mise en place de transports en commun adaptés. On se pose également la question des horaires en lien avec les possibilités de covoiturage », relate Nathalie Augé. Tout en tenant compte des contraintes liées à la production. La précision, c’est son métier.
Les entreprises pour le climat
Créée fin 2020, la Convention des entreprises pour le climat (CEC) est une association qui vise à embarquer les décideurs économiques pour leur faire franchir le pas de la transformations systémiques. Des déclinaisons territoriales ont vu le jour, dont la CEC Bourgogne-Franche-Comté en mai 2023. Nathalie Augé y participe, accompagnée d’une collaboratrice dont le travail est consacré aux problématiques déchets, biodiversité, décarbonation. « On trouve à la CEC des expertises et un accompagnement en intelligence collective qui nous permettent d’aller plus loin dans nos réflexions. J’y suis allée car je pensais qu’il fallait travailler collectivement sur ces sujets, mais je ne savais pas comment. Par exemple quand nous avons voulu étendre la démarche zéro déchet aux entreprises voisines, nous avons buté rapidement sur la difficulté de trouver les bons réseaux. À la CEC, les réponses et les réflexions sont collectives. Nous sommes au bon endroit », souligne la dirigeante d’Augé Microtechnic Group.